Le Synode vaudois adopte l’ébauche de l’Eglise de demain

Le Synode vaudois adopte l’ébauche de l’Eglise de demain / ©EERV
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Le Synode vaudois adopte l’ébauche de l’Eglise de demain
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Le Synode vaudois adopte l’ébauche de l’Eglise de demain

Débat
Les délégués se sont penchés pendant deux jours sur les principes généraux d’une nouvelle organisation d’Eglise. Leurs successeurs auront la tâche de transformer ces «pierres angulaires» en réalités sur le terrain et en règlements.

Fruit d’un long travail de consultation et de négociation, le Synode, l’organe délibérant de l’Eglise réformée vaudoise, a adopté les 19 et 20 avril passés, 24 principes généraux posant les jalons – les rapports parlent de «pierres angulaires» – de la future mécanique institutionnelle de l’Eglise en matière de gouvernance et de structures. Chacun de ces principes a été clairement adopté à l’unanimité moins quelques abstentions. Ce qui ne veut pas dire que certains points n’ont pas suscité de débat, généralement stoppé par un rappel du but de l’exercice: «poser des pierres angulaires» pour que d’autres puissent «monter les murs de l’édifice». La plupart de ces pierres sont, par ailleurs, assorties d’une liste de points d’attention.

«Cet exercice nous amène à réfléchir pour savoir où est l’essentiel et parfois à renoncer à certains éléments», a souligné le conseiller synodal laïc Philippe Leuba. «On ne peut pas avoir raison tout seul», a-t-il complété. Quant au pasteur Laurent Lasserre, membre de la commission de gestion du Synode, il a prévenu qu’il y aura forcément des regrets pour certains dans ce processus: «Il y aura des deuils qui font partie de la vie. Il y aura aussi des imprévus.»

Présidente du Synode, la laïque Sylvie Arnaud s’est dite «ravie» d’avoir pu mener ce débat en plénum encore pendant le mandat actuel des déléguées et délégués. En effet, de nouveaux élus entreront en fonction en juillet pour un mandat qui courra jusqu’en 2029. C’est à elles et eux que reviendra la tâche de transformer en règlements ces principes de base.

Communautés paroissiales

Point fort de cette ébauche: la disparition des Régions et la réorganisation des paroisses en «communautés paroissiales». Le canton sera donc couvert par 25 à 30 de ces communautés en lien direct avec les autorités cantonales en lieu et place des 89 paroisses actuelles. «Ce chiffre est né du constat que nos paroisses travaillent déjà aujourd’hui en collaboration par groupe de trois ou quatre», a rassuré Philippe Leuba. Une proposition visant à laisser du temps aux paroisses pour se préparer à cette réorganisation a par ailleurs été écartée: c’est donc le principe général précisant que cette structure existera «à la fin de la législature 2024- 2029» qui a été maintenu.

Aux paroisses seront rattachés différents groupes «de nature célébrante, immersive ou contextuelle», selon le principe général. Appelés «ecclésioles», ces groupes peuvent être aussi variés qu’un groupe de jeunes, de prière, de couture ou de visiteurs et visiteuses dans un EMS. Leur rattachement géographique «vise à les inscrire dans une solidarité théologique et institutionnelle avec l’EERV», mais ne devrait pas les empêcher d’être actifs sur une zone plus large que la communauté paroissiale.

Droit de référendum

Autre changement notable prévu par ce projet, la création d’un droit de référendum pour les communautés paroissiales à l’encontre des décisions synodales. Le principe a été adopté malgré quelques inquiétudes. Le délégué laïc Jean-Frédéric Leuenberger s’est interrogé quant à la pertinence de cet outil «si l’on a de bonnes procédures de consultation». Et de compléter: «Par contre, nous devrions aspirer aux décisions par consensus!» Un type de débat employé notamment par le Conseil œcuménique des Eglises: les délégués expriment leur soutien ou leur malaise par rapport à une position. Cette dernière est amendée jusqu’à ce que personne exprime un désaccord sévère. Egalement délégué laïc, Andrea Coduri s’est inquiété que «le référendum tende à favoriser les majorités au détriment des minorités, ce qui peut créer ou attiser des conflits», dans une institution qu’il est très facile de quitter.

Nécessité d’un travail de fond

« Si la transmission de nos valeurs ne passe plus d’une génération à l’autre, ce n’est pas à cause de nos structures, mais parce que nous sommes ‹exculturés›», a prévenu le pasteur Jean-François Ramelet. «Cette restructuration est nécessaire, elle n’est pas secondaire, mais elle est seconde. Il faut un travail théologique pour que la pensée chrétienne ne soit plus perçue au mieux comme une pensée désuète, au pire comme un obscurantisme», a-t-il appelé de ses vœux