Un défi à toujours reconstruire

Convention ecclésiale affichée au Centre paroissial oecuménique de Meyrin / ©DR
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Convention ecclésiale affichée au Centre paroissial oecuménique de Meyrin
©DR

Un défi à toujours reconstruire

Compréhension
Le concile de Nicée, considéré comme le premier concile œcuménique, est un des fondements des liens entre les chrétiens. La flamme pour cet enjeu semble renaître : des paroisses trouvent des compromis pour se rapprocher, d’autres misent sur ce qui les unit déjà.

«Les liens ont toujours été forts et importants à Meyrin, mais celles et ceux qui ont porté les projets des débuts et se sont impliqué·es de longues années sont désormais âgé·es. L’œcuménisme est un défi à toujours reconstruire», explique Nicolas Genequand, pasteur à la paroisse de Meyrin, depuis toujours haut lieu de l’œcuménisme genevois. 

Son homologue Hyonou Paik, délégué de l’Eglise réformée évangélique neuchâteloise (EREN) à la Communauté de travail des Eglises chrétiennes dans le canton de Neuchâtel (COTEC), reconnaît lui aussi «une sorte de tassement de l’engouement depuis la fin du siècle passé dans notre canton, pourtant un pionnier de l’œcuménisme. C’est notamment dû au fait que les Eglises n’avançaient pas toutes aussi rapidement qu’attendu».

Un Conseil intercommunautés

A Meyrin, l’œcuménisme a toujours continué à être vécu au quotidien, pas seulement parce que catholiques et protestants partagent un bâtiment – le Centre paroissial œcuménique (CPOM) – construit en 1975. «Les cultes et les messes ont lieu dans nos espaces propres mais à la même heure, ce qui nous permet de nous croiser. Nous avons un groupe d’aînés œcuménique et nous organisons au moins quatre célébrations œcuméniques par année, dont celle des Rameaux, qui rassemble 300 personnes», se réjouit Nicolas Genequand. 

Les évangéliques, installés de longue date dans l’ancienne chapelle protestante du village, sont membres du Conseil intercommunautés qui gère le CPOM. Une «convention ecclésiale» signée en 2007 officialise leur «manière de fonctionner» et ce qu’ils ont «envie de vivre ensemble». Ils participent à certaines célébrations œcuméniques. «Nos huit cultes de l’été sont en commun, avec échange de chaire, afin de nous rencontrer et de partager», explique Nicolas Genequand.

Il reste encore des traces de l’œcuménisme de transgression.
Hyonou Paik

Un œcuménisme audacieux

La compréhension est mutuelle. «Le groupe de travail sur la réflexion œcuménique a donné des directions sur lesquelles nous sommes allés ensemble, même si elles ne sont pas forcément reconnues par les Eglises», dit Nicolas Genequand. «Chacun se déplace en direction de l’autre. Pour l’eucharistie et la sainte cène, par exemple, chacun est convié et nous n’avons ni hosties ni pain: nous partageons du pain libanais pour éviter les miettes, dérangeantes pour les catholiques.» 

Dans la paroisse neuchâteloise de La Côte, où Hyonou Paik est ministre, la réalité des institutions et les réalités locales n’ont là non plus pas toujours été les mêmes: «Il reste encore des traces de l’œcuménisme très audacieux que nous avons vécu un certain temps. Les Eglises neuchâteloises sont allées loin dans le dialogue œcuménique pendant plusieurs décennies. Elles ont notamment eu beaucoup de courage au sujet de l’hospitalité eucharistique. Aujourd’hui, les groupes œcuméniques s’ajustent à la situation actuelle des Eglises.»

Frayer de nouveaux chemins

Dans l’EREN, l’heure n’est pas aux compromis sur ce qui «nous divise encore en tant qu’Eglise du Christ et que nous ne pouvons pas dépasser pour le moment. Nous regardons désormais ce qui nous unit, c’est-à-dire beaucoup de choses. Nous essayons de frayer de nouveaux chemins avec cela, de nous réunir entre chrétiens autour des choses qui nous rassemblent dans la même foi en Christ. Par exemple, une prière commune cantonale contribue à maintenir la flamme de l’espérance de l’unité; Plus de dix communautés se sont récemment associées pour proposer la projection, au cinéma, de la série The Chosen», précise Hyonou Paik. 

Si à Meyrin les trois communautés souhaitent relancer le groupe de réflexion œcuménique «afin de continuer à nourrir nos relations et discuter théologiquement de nos accords et désaccords», la paroisse de La Côte a instauré de son côté plusieurs nouvelles activités œcuméniques ces dernières années. Elle propose une prière chaque samedi soir de l’Avent et un chemin de croix animé ensemble. «Tout ce que l’on peut faire ensemble durant le carème, on le fait», se réjouit le pasteur neuchâtelois.