À l’Église aussi on vote

L'Église réformée vaudoise renouvelle ses autorités. / @ iStock/smartboy10
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L'Église réformée vaudoise renouvelle ses autorités.
@ iStock/smartboy10

À l’Église aussi on vote

En juin, les autorités de l’Église réformée vaudoise auront fait peau neuve, prêtes à entamer la nouvelle législature 2019-2024. Le renouvellement des instances délibérantes et exécutives est soumis à l’élection. Les premiers à y passer sont les 87 conseils paroissiaux. Explications.

La séance est ouverte! Le pasteur a tout juste le temps de retirer son aube blanche, que les recueils de chant sont déjà remisés. En un tour de main, la petite église de Correvon, dans le Gros-de-Vaud, est passée d’un lieu de culte à un lieu de délibération et de prise de décision. Il est à peine 10h50, l’assemblée paroissiale du Plateau du Jorat peut officiellement commencer ce 28 avril. Rapport d’activités, comptes 2018, et j’en passe, l’ordre du jour est fourni, mais rapidement expédié. Parce que ce matin, on élit le nouveau conseil paroissial. À mains levées et dans les applaudissements, pour gagner du temps, l’assemblée vote à l’unanimité, par 35 voix, la liste des candidats présentée. On reste donc à huit conseillers, mais trois petits nouveaux y font leur entrée. Tout juste quarantenaires, ils sont le signe d’une relève assurée, ce qui n’est pas pour déplaire au président.

En une heure, la séance est levée. Une bonne chose de faite, mais surtout plus à faire avant cinq ans. Depuis quelques mois, en effet, l’Église réformée vaudoise (EERV) a entamé le renouvellement de ses instances délibérantes et exécutives, en vue de la nouvelle législature 2019-2024 qui démarre en juin. Mais avant de connaître les noms des sept sages qui tiendront les rênes de l’EERV, c’est au niveau local que la machine électorale s’est mise en route. Et les 87 paroisses de l’EERV élisent à tour de bras. Un processus à la chaîne, puisque les élus paroissiaux éliront les autorités régionales qui a leur tour désigneront les délégués au synode, l’organe délibérant de l’EERV, qui pourront enfin nommer le conseil synodal, l’organe exécutif de l’EERV.

Petit récapitulatif

Règlement oblige, il faut élire un conseil paroissial pour assurer la dimension spirituelle et la gestion de la vie paroissiale, sans en oublier l’administration et les finances. Autour de la table, ils doivent être cinq, en tout cas. Mais surtout plus de laïcs que de ministres. Et c’est l’assemblée paroissiale qui élit. C’est elle qui veille à préserver l’unité de la paroisse. Autrement dit, toutes les personnes âgées de 16 ans révolus, domiciliées dans la paroisse peuvent participer.

Dans l’EERV, le territoire est divisé en onze régions géographiques, onze conglomérats de paroisses. Et pour chaque région, un conseil et une assemblée. Cette dernière a notamment la tâche d’élire quatre laïcs et deux ministres qui siégeront au synode. Et ce sont ces délégués qui pourront alors élire les sept membres du conseil synodal de l’EERV.

Tous différents

Devant l’exercice du scrutin, les 87 paroisses de l’EERV ne sont pas égales. S’il faut suivre le règlement ecclésiastique et se plier au suffrage, encore faut-il avoir des candidats à élire. Dans la paroisse d’Orbe-Agiez, il n’y a plus de conseil depuis un an, faute de volontaire. «Ce n’est pas un drame», lâche Olivier Calame, pasteur et coordinateur de la région Joux – Orbe. Le conseil régional a repris la gestion administrative et financière de la paroisse et a créé le groupe éphémère «Startup» pour réfléchir et proposer des projets, d’ici fin juin.

«Le règlement est lourd. Alors on le respecte, mais on l’applique à notre sauce, car nous sommes volontaires et surtout bénévoles», rappelle François Cornu, président du conseil de paroisse du Plateau du Jorat depuis 2011. Ici, pas question de se noyer dans l’opérationnel et d’étouffer le dynamisme paroissial et les forces vives présentes dans la communauté. Car «les laïcs sont essentiels», précise le président. «Le respect du règlement ne doit pas nous empêcher de partager une spiritualité, de prendre soin de l’autre», ajoute Damaris Fankhauser, fraîchement élue au conseil paroissial du Plateau du Jorat et dans la foulée à l’assemblée régionale.

La spiritualité face au règlement

«Faire partie d’un conseil de paroisse reste un engagement attrayant. Car si l’on peut vivre sa foi directement avec Dieu, la partager de façon communautaire, c’est encore mieux. Le conseil paroissial a de l’avenir, car c’est là que se regroupent les gens qui ont envie de s’engager pour la vie locale. Mais il faut y amener une réflexion spirituelle, pour dynamiser et développer des choses», explique Daniel Russ, président du conseil régional Gros-de-Vaud – Venoge et délégué au synode sortant.

Plus facile à dire qu’à faire. Face à ce constat et pour contrer l’asphyxie vécue dans certains conseils, des formations sont mises à disposition par l’office des ressources humaines (ORH) de l’EERV: gestion de projet, leadership, partage de son cheminement spirituel sont au programme. «Les gens ne s’engagent plus aujourd’hui comme avant. On s’engage pour faire ce qu’on aime, selon nos compétences, et tout ça inscrit dans une durée clairement définie. Devenir conseiller n’est plus le couronnement de la vie du bon chrétien, ni une récompense, mais peut être le début du chemin», explique Magda Eggimann, pasteure de l’ORH et responsable de la formation des conseils.

Un chemin qui se poursuit en juin, lors des élections des délégués au synode puis du conseil synodal. L’EERV n’est pas la seule à passer aux urnes. C’est une caractéristiques de toutes les Églises réformées. En juin, les conseillers de paroisses seront également renouvelés dans l’Église réformée neuchâteloise, ne vue de la nouvelle législature de septembre. Et en 2020, ce sera au tour de l’Église protestante de Genève de passer à l’isoloir.

Se former

L’offre des formations pour les conseils vaudois, ouverte à tous les conseillers romands sur www.eerv.ch/conseils