Une exposition pour tout savoir sur les animaux de la Bible

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Une exposition pour tout savoir sur les animaux de la Bible

11 avril 2003
La faune de la Parole nous est contée au Musée lausannois de zoologie
Ce parcours imaginé par un théologien fribourgeois, permet de mieux comprendre la réalité de l’Orient ancien et aborde la faune des textes sacrés. La biogéographie, ou géographie des êtres vivants, le révèle : dans l’ancien Israël, ours et cerfs côtoyaient crocodiles et hippopotames sur un territoire plus petit que la Suisse. C'est ce que l'on découvre en parcourant la nouvelle exposition du Musée lausannois de zoologie « Les animaux du 6e jour ».

Réalisé en collaboration avec la section « Bible et Orient » de l’Université de Fribourg, ce passionnant cheminement à travers l’Orient ancien a déjà remporté un vif succès à Fribourg, Zurich et Munich où il fut apprécié par quelque 80'000 visiteurs. L’institution de la capitale vaudoise présente pour la première fois dans sa version française ce parcours ullustré par une bonne centaine d’objets en provenance d’Egypte, de Mésopotamie, de Syrie et de Palestine/Israël. Nouveauté lausannoise, quelque 80 animaux naturalisés voisinent les pièces rares, comme cette antique amulette iranienne datant de 4000 ans avant Jésus-Christ. Les révélations sur les différentes formes animales que prirent les divinités à travers les âges ou sur la signification de prénoms bibliques comme Rachel (la brebis) ou Jonas (la colombe) côtoient des informations contemporaines parfois insolites : si le Proche-Orient constitue au printemps et en automne l’une des plus importantes voies migratoires pour les oiseaux, Israël est malheureusement aussi le pays où la densité d’avions militaires est la plus forte au monde. Pas étonnant, dès lors, que les militaires de Tsahal aient appelé à l’aide les ornithologues pour mettre au point des batteries de surveillance aérienne spécialement adaptées aux volatiles.

§De l’Arche à l’assietteThomas Staubli, le théologien qui a conçu cette exposition, l’a divisée en 6 chapitres distincts. On débute par une évocation théâtrale et symbolique de l’Arche de Noé pour rappeler qu'aujourd'hui des dizaines d’espèces animales disparaissent chaque jour, sans que nous en ayons même eu connaissance. Autre constat : la faune actuelle du Proche-Orient n’a que peu à voir avec celle de l’Antiquité: il y a par exemple belle lurette que les hippopotames, appréciés pour l’ivoire de leurs dents dès le 8e siècle avant notre ère, ont déserté les rives du Jourdain.

Outre ces importants changements animaliers, les problèmes de traduction des textes bibliques ont parfois fait prendre d’étranges aspects à certaines bêtes. Ainsi, le mot hébreu « shapan » qui apparaît au Psaume 18, fut tour à tour désigné comme un lapin, un hérisson, une marmotte ou un blaireau. Grâce aux progrès de la zoologie, on sait désormais qu’il s’agit du « daman des rochers », animal fort répandu de l’Afrique du Sud à la Syrie, sans que l’on sache exactement à quoi il ressemble. Un groupe vivant fut même créé rien que pour lui, celui des Hyracoïdes.

Cette exposition, qui s’adresse aux familles comme aux amateurs d’art et d’histoire, constitue une belle plongée érudite à la découverte de la faune antique et biblique en particulier.

On s’arrêtera notamment sur la partie consacrée aux tabous alimentaires. L’impureté qui frappe le porc dans le Lévitique comme dans le Coran, interdit religieux autant que phénomène culturel, n’a été levée que par les chrétiens. Mais cela ne nous empêche pas, et on l’oublie souvent, de cultiver nos propres interdits. Alors que nous nous délectons de homards et autres crustacés, nous continuons à dédaigner les insectes, qui constituent pourtant une source de nourriture très saine, ingurgitée par plus de 80% de la population mondiale.

Pierre Léderrey

§UTILE

« Les Animaux du 6e jour, animaux dans la Bible et dans l’Orient ancien », une exposition du Musée lausannois de zoologie à l’Espace Arlaud du 18 avril au 10 août 2003. Mercredi-vendredi 12h-18h, samedi-dimanche 11h-17h. Entrée libre jusqu’à 16 ans