Dernière initiative en date, « misterix » à l’intention des plus petits. Dû à l’énergie de deux ministres, ce nouveau site parie sur l’avenir, mais témoigne aussi de l’absence de vision commune concernant le nouveau média. L’Eglise réformée vaudoise (EERV) déborde d’initiatives virtuelles, notamment à l’attention de la jeunesse. Après un site où les adolescents eux-mêmes sont appelés à se raconter (www.pijama.ch), des pages consacrées au catéchisme (www.catechese.ch), c’est maintenant au tour des plus petits d’être concernés par le nouveau www.misterix.ch.

Sur l’initiative de Rosemarie Chopard, misterix.ch est né en février dernier. « L’idée de départ était de rejoindre un maximum d’enfants autour des questions de spiritualité », explique cette collaboratrice du Service cantonal de l’enfance. Une rapide observation lui permet notamment de constater que les paroisses ne touchent qu’un tiers des enfants de familles déclarées protestantes. « Les ordinateurs sont de plus en plus nombreux à la maison, se mettre en ligne constitue pour elle une voie d’approche intéressante ».

En compagnie du pasteur Marc Horisberger à Chardonne, Rosemarie Chopard peaufine son projet et le présente à ses autorités d’Eglise. « En gros, on m’a répondu qu’il fallait que je me débrouille toute seule, qu’il n’y avait pas pour l’instant de budget alloué pour cela ».

§Des idées en ordre disperséUn forum, une entrée avec réactions attendues sur un thème d’actualité, des histoires et un concours de dessin : D’une conception graphique résolument enfantine due à deux étudiants, le nouveau site s’étoffe petit à petit. « Un agenda avec l’ensemble des manifestations cantonales destinées à l’enfance permettra à ceux qui le désirent de dépasser le contact virtuel pour vivre des relations plus communautaires ». L’appel à la collaboration en direction des dix-huit responsables régionaux de l’enfance au sein de l’EERV, reçoit pour l’instant un écho mesuré, notamment en raison d’une surcharge de travail générale. « L’enjeu est de créer une équipe capable d’animer ces pages, sans lequel il n’y a naturellement pas de survie possible ». D’ici là, les deux concepteurs de misterix comptent profiter du courrier de présentation des paroisses pour y glisser de la publicité et se faire connaître.

L’avenir dira si cette entreprise, comme d’autres escales sur le Net, fera florès ou rejoindra la liste des projets en léthargie (pijama.ch est pour l’heure au point mort) ou abandonnés depuis des mois (comme questiondieu.com).

Pourtant, certains déplorent déjà l’absence de ligne directrice entre ces différents projets. Difficile à mettre sur pied au niveau des Eglises protestantes romandes, la coordination sur Internet peine donc également à devenir une réalité sur le plan cantonal : tout le monde se plaint du manque de vision d’ensemble, mais chacun continue à travailler dans son coin en prétextant que rien n’avancerait sans cela. Gérard Jaton, Webmaster attitré de l’EERV qui travaille à la refonte du site central de l’institution,protestant.ch , estime néanmoins « qu’il faudrait au minimum une identité graphique commune, sans laquelle ces différentes démarches n’ont pas grand sens ». L’informaticien prend en exemple les pages de la Radio suisse romande : « Quelle que soit la manière où l’on rentre sur une page ou l’autre, il existe une identification visuelle. C’est à cela que nous devons arriver ».

Autre inconnue, celle du suivi. Créer un site est une chose, l’alimenter en est une autre, qui prend souvent davantage de temps qu’on l’imaginait. A ce sujet, Gérard Jaton avertit: « Contrairement à ce que certains ont cru comprendre, mon rôle ne consistera pas à fournir du contenu. C'est à chaque équipe de trouver les forces nécessaires pour le faire ». Un écueil de plus pour l’EERV, comme pour les Eglises romandes en général, en quête d’une présence forte au sein du réseau mondial.