Aumônerie du CHUV à Lausanne:So Long, Nicolas

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Aumônerie du CHUV à Lausanne:So Long, Nicolas

25 avril 2003
En juin, l’aumônier évangélique de l'hôpital cantonal vaudois met fin à quinze ans d’un ministère qui marqua l’oecuménisme vaudois
Infirmier, pasteur, aumônier. A 49 ans, Nicolas Long s’apprête à changer pour la quatrième fois d’horizon professionnel. En juin, il quittera le CHUV pour se mettre à son compte en tant que thérapeute familial. Un départ entre « sérénité et un brin de tristesse : ces quinze années passées dans l’hôpital auront été d’une incroyable richesse. D’un autre côté, j’ai le sentiment d’y avoir vécu ce que j’avais à y vivre et je pars dans de bonnes conditions, sans conflits ».

Tout a commencé en 1988. Nicolas Long est alors, depuis 6 ans, pasteur de l’Eglise de Villard à Lausanne. Il apprend qu’un poste d’assistant en aumônerie se libère pour une année de remplacement. Intéressé, notamment en raison de sa formation initiale d’infirmier, il propose sa candidature. Puis il demande à rester. Oui mais voilà, l’Eglise de Villard n’est pas protestante, mais évangélique. Et Nicolas Long, formé dans une école biblique plutôt qu’à l’Université, se présente non en tant que ministre de l’Eglise réformée vaudoise (EERV) mais comme pasteur des Assemblées et Eglises évangéliques en Suisse romande (AESR).

§Prosélytisme en questionDu jamais vu à l’époque. « Il a fallu l’accord de la direction du CHUV, du Conseil synodal de l’EERV et de l’assemblée générale des AESR. Malgré des capacités reconnues, cela n’a pas été sans mal, parce qu’il fallait surmonter une méfiance liée à l’histoire missiologique des milieux évangéliques ». En clair, les autorités politiques et ecclésiales vaudoises craignent un prosélytisme, une volonté d’évangélisation qui ne correspondent pas à ce que l’on attend d’un aumônier. Certains collègues font de la résistance. « Au début, son poste était celui d’un associé laïc ne pouvant pas célébrer des sacrements », se souvient un responsable des AESR de l’époque.

Nicolas Long fut donc le premier pasteur évangélique à intégrer une aumônerie et son arrivée a été « un moment fort de l’œcuménisme intra-protestant », souligne son collègue Etienne Rochat. Lors du symposium organisé pour marquer ce départ, mercredi soir, l’ancien président du Conseil synodal de l’EERV a même évoqué un « pionnier de l’unité des chrétiens vaudois ».

Pour sa part, Nicolas Long préfère évoquer son investissement au sein du service de pédiatrie du CHUV, expérience qui a débouché sur un livre en 1996, mais aussi sur le développement de la prise en charge des parents qu’il a contribué à mettre en place. « On ne m’a pas demandé d’être l’aumônier évangélique du CHUV. Désireux de rejoindre les gens dans ce qu’ils vivaient, je ne me suis jamais senti porteur d’un drapeau confessionnel. D’ailleurs, ma pratique quotidienne m’a fait adopter certaines prises de position, par exemple concernant l’interruption de grossesse, assez éloignées de la théologie évangélique ».