Antennes: pas de querelle de clochers

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Antennes: pas de querelle de clochers

16 mai 2003
Le nombre d’émetteurs de téléphonie mobile ne cesse d’augmenter en Suisse
Depuis quelques années, les clochers d’églises figurent parmi les solutions choisies par les opérateurs pour installer leurs équipements. Du côté catholique comme du côté protestant, on ne s’en trouve pas plus mal. Petit tour d’horizon alors que le réseau UMTS s’apprête à inonder le marché.L’UMTS arrive. Le réseau de téléphonie mobile de la troisième génération, compatible dans le monde entier et d’une vitesse de transmission deux cents fois supérieure à celle de la norme actuelle (GSM), s’apprête à s’ implanter - avec retard - en Suisse comme ailleurs. Mais pour que l’accro puisse bientôt regarder vidéos et images avec son portable et accéder à une série de nouveaux services annoncés comme miraculeux par les opérateurs, il faut augmenter le nombre d’antennes sur le territoire. Certaines études indiquent que la Suisse recèlera ainsi la densité de relais la plus importante du monde. Il faut dire que notre législation fédérale en matière de protection contre les ondes électromagnétiques émises par ces émetteurs est l’une des plus sévères. Conséquence directe : les trois fournisseurs de téléphonie mobile sont contraints d’installer davantage de relais. Leur intérêt pour les églises risque donc de s’accentuer.

Dissimuler dans un clocher une antenne revêt en effet plusieurs avantages : le premier, évident, concerne la discrétion. « Notre matériel demeure peu visible et évite de construire des mâts extérieurs souvent mal acceptés par la population », souligne un technicien. Un atout lorsque l’on sait que l’absence d’atteinte au paysage urbain ou naturel constitue dans la plupart des cantons l’un des éléments-clefs des autorisations. Enfin, l’emplacement en hauteur permet à la fois une bonne diffusion des ondes et un taux limité de rayonnements au sol.

§Indifférence quasi générale Comment les Eglises réagissent-elles à cette prise de possession hertzienne ? Souvent avec le plus total désintérêt. Du côté protestant, on rappelle que le temple se veut avant tout lieu de rassemblement, non un lieu saint. Les autorités ecclésiales romandes ne voient donc aucune objection de principe à louer les clochers. « La plupart des temples appartenant aux communes, nous n’avons pas à nous poser la question, note le secrétaire général de l’Eglise réformée neuchâteloise Werner Alder. A ma connaissance, les installations ou projets existants n’ont soulevé aucuns remous ». A Genève, au contraire, la plupart des lieux de cultes sont propriété de l’institution, par le biais d’une fondation. Le porte-parole de l’Eglise protestante genevoise explique qu’approchée par les opérateurs, « cette fondation a décidé de laisser chaque paroisse se déterminer ». Et s’il a bien connaissance d’un refus, John Grinling avoue que cela constitue l’exception. Sur terre vaudoise, il y eut quelques cas où le projet n’aboutit pas, suite à des oppositions. A Saint-Sulpice, par exemple, le pasteur François De Charrière comptait parmi les réfractaires : « La municipalité a finalement renoncé après le dépôt d’une trentaine d’oppositions ». Le ministre concède cependant que sa démarche n’était nullement motivée par des motifs religieux : « Il existe d’ailleurs une antenne dans le clocher d’Ecublens où je suis également pasteur, et cela ne nous a posé aucun problème ».

Du côté catholique, alors que dans d’autres pays comme l’Italieles autorités épiscopales ont mis le holà à la prolifération des émetteurs sur les clochers, la Conférence des évêques suisses n’a émis aucune recommandation. Leur ancien attaché de presse, désormais bras droit de Mgr Bernard Genoud, Nicolas Betticher : « S’il n’existe pas de perturbation de la vie paroissiale ou d’ordre esthétique, il n’y a pas de raison de s’y opposer ». Certes, en Valais, le vicaire général a demandé de bloquer les autorisations tant que la Confédération ne livrera pas un message clair sur la dangerosité du rayonnement non ionisant. « Mais en définitive, cette compétence relève des conseils de paroisses, propriétaires des lieux, et non des évêques », rappelle Nicolas Betticher.