G8 : les chrétiens vaudois ne mâchent pas leurs mots

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G8 : les chrétiens vaudois ne mâchent pas leurs mots

27 mai 2003
Sous l’impulsion des protestants, le Conseil des Eglises chrétiennes vaudoises distribuera un message engagé aux participants du G8
Ils leur demandent de passer de la parole aux actes en adoptant « de la modestie dans les déclarations et de la grandeur dans les actions ». Commentaires avec son président, le pasteur Shafique Keshavjee. Malgré le tumulte, les Eglises chrétiennes vaudoises choisissent de ne pas se taire. Leur message sera distribué en mains propres aux ministres et chefs d’Etat du G8 au début du week-end. Et il se veut plutôt musclé, ou en tout cas clairement engagé. Appelant les grands de ce monde au « courage » et à la « responsabilité », les auteurs leur demandent de contribuer clairement à « la construction d’un monde réellement plus solidaire et démocratique ».

Autant dire que pour une première prise de parole publique depuis sa création en janvier, le nouveau Conseil des Eglises chrétiennes du canton de Vaud ne mâche pas ses mots. Provocation ? « Pas gratuite en tout cas, répond le pasteur Shafique Keshavjee, son président. A partir de notre foi, de notre espérance, nous tentons de dire quelque chose sur la marche chaotique du monde ».

Plutôt finaudes, les treize communautés chrétiennes réunies dans le Conseil reprennent au vol les quatre axes de réflexion définis par Jacques Chirac lui-même: responsabilité, solidarité, sécurité et démocratie. Des principes qu’il convient maintenant de « féconder par des engagements », souligne la déclaration.

Protection de l’environnement, annulation de la dette des pays du Sud, mise en place d’un commerce mondial équitable, arrêt des exportations d’armes, renforcement de l’aide au développement et de la prise en compte des plus pauvres par les institutions internationales : le texte évoque à plusieurs reprises le courage nécessaire, mais n’est-ce pas plutôt d’héroïsme dont il faudrait parler ? Shafique Keshavjee : « Nous ne doutons pas de la difficulté à aller jusqu’au bout des valeurs que l’on prône lorsqu’on est au pouvoir. Mais les Eglises sont au service de tous, et notamment des plus démunis. Nous signalons une direction, des orientations qui permettraient aux fragilisés de notre monde de trouver leur place ».

§Soutien européenPas politique au sens de programme partisan, cet appel des Eglises vaudoises l’est en tant que préoccupation clairvoyante de la marche du monde. L’occasion était attendue, la manière un peu moins. Et le contraste avec un appel lancé par les évêques de la région lémanique à leurs fidèles paraît à cet égard édifiant : alors que le message oecuménique vaudois s’adresse aux acteurs du sommet en détaillant les points considérés comme scandaleux, la proclamation des prélats romands et français reste très vague, se contente des allusions habituelles sur la dignité de l’être humain au centre de la Création et sur la violence de la compétition économique. En revanche, elle n’oublie pas de demander aux manifestants de faire preuve de « discernement ». Pourquoi, d’ailleurs, faire bande à part pour dire si peu ? « Notre réalité oecuménique n’est pas celle du Valais ou de Fribourg, argumente Jean-Charles Zufferey, porte-parole de l’Eglise catholique romaine vaudoise. Et les deux démarches sont complémentaires puisque les destinataires sont différents ».

Chacun jugera entre complémentarité et brouillage du sens. Les autorités chrétiennes nationales et européennes n’ont en tout cas pas hésité. Konrad Raiser, secrétaire général du Conseil oecuménique des Eglises (COE), figure en bonne place des personnalités qui apportent leur soutien à la démarche vaudoise, en même temps que le président de a Conférence des Eglises européennes (KEK), et...de Mgr Pierre Bürcher, l’Evêque auxiliaire du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg.