Journée des réfugiés:A Lausanne, un lieu pour accueillir les exilés

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Journée des réfugiés:A Lausanne, un lieu pour accueillir les exilés

6 juin 2003
En mars dernier, les Eglises vaudoises ont créé le « Point d’appui », espace multiculturel de médiation, d’accompagnement et d’écoute
Présentation d’un initiative qui rencontre déjà un beau succès, dans la perspective de la Journée des réfugiés du 14 juin. C’était en 1985. A Lausanne, le pasteur Daniel Corbaz et l’abbé Claude Ducarroz joignent leurs énergies pour la naissance de médiateurs d’Eglise auprès des réfugiés. C’est alors un bout de poste, à côté du traditionnel travail en paroisse. Par la suite, la restructuration de l’Eglise réformée rend le poste de médiateur officiel. « J’ai déménagé au centre paroissial de Béthusy. Pour la première fois dans l’histoire des médiateurs, j’avais un bureau !», se souvient Brigitte Zilocchi, diacre.

Présente depuis de nombreuses années auprès des communautés étrangères lausannoises, elle a vu l’un de ses rêves se réaliser durant l’hiver : la création de « Point d’appui », un espace multiculturel des Eglises où elle peut oeuvrer à la rencontre d’autrui en compagnie de son collègue catholique Jean-Pierre Barbey. « Depuis mon bureau, ici à César-Roux, je voyage dans le monde entier », sourit Brigitte Zilocchi en désignant les cadeaux de tous horizons offerts par des habitués ou des gens de passage. Ici, tout ou presque provient d’ailleurs de dons : meubles, décoration, matériel informatique ou bureautique. « Heureusement, parce que nous n’avons pas beaucoup de moyens », glisse-t-elle.

Une équipe d’une vingtaine de bénévoles, essentiellement féminine et étrangère, offre accueil et écoute tous les lundis et jeudis à un nombre toujours plus importants d’immigrés. Dissiper les peurs réciproques, stimuler les échanges culturels entre Suisses et étrangers, favoriser les contacts entre les immigrés eux-mêmes font partie des objectifs du Point d’Appui. « En partageant nos différences on découvre ensemble d’autres valeurs. Je demeure par exemple émerveillée par la qualité d’accueil dont sont capables ceux qui n’ont pourtant presque rien ». Des leçons de français par petits groupes rencontrent déjà un beau succès, la demande en la matière étant largement supérieure à l’offre dans la région lausannoise. Un couturier d’origine congolaise s’apprête à démarrer un atelier de bricolage, un petit groupe de musique sénégalais anime des moments de chants et de danses, des quinzaines plus particulièrement consacrées à une communauté offrent la possibilité de se présenter aux autres. Par ailleurs, la secrétaire, d’origine iranienne, fait aussi office d’écrivain public. Et les nouveaux projets ne manquent pas.

§Des gouttes d’eauBrigitte Zilocchi et l’abbé Jean-Pierre Barbey s’occupent tout particulièrement des consultations gratuites. « Toute personne étrangère désirant parler, se confier, évoquer ses difficultés ou poser des questions, est la bienvenue », souligne la collaboratrice de l’Eglise protestante. « C’est un accompagnement personnalisé qui va du soutien moral ou spirituel jusqu’à des aides pratiques comme par exemple la distribution de nourriture ou l’acheminement vers d’autres services. Mais il s’agit avant tout d’écouter les gens, de comprendre ce qui les habite. Une démarche qui prend du temps et à laquelle les travailleurs sociaux n’ont pas le temps de se consacrer ».

Depuis peu, les médiateurs ont également ouvert une consultation pour les sans papiers. « A part nous, il y a le SAJE qui s’occupe des aspects spécifiquement juridiques, et puis la Frat' et le collectif. Vu le nombre de personnes qui attendent chaque ouverture, la création d'une structure supplémentaire était largement justifiée ». L’un de nos buts consiste à réfléchir à une possibilité de régularisation de leur statut, en vérifiant s’il y a correspondance avec les critères définis par l’administration fédérale. Point d’appui travaille naturellement en réseau avec les autres oeuvres d’entraide, chrétiennes ou non. « Nous participons également à la plate-forme asile-immigration qui constitue le partenaire officiel de dialogue avec les autorités vaudoises », précise encore Brigitte Zilocchi.

Active sur tous les fronts, la diacre oeuvre sans relâche pour que des liens plus étroits se tissent entre la population indigène et les immigrés. « Dépasser les préjugés reste difficile, pourtant nous enregistrons de petites victoires. Lors de notre dernière action de Noël, plus d’une centaine de familles vaudoises ont invité des familles immigrées. Ce sont des gouttes d’eau dans un océan d’indifférence, mais elles sont importantes ».