Accompagnement à domicile par les proches:Des vacances pour éviter l'épuisement, mais comment?

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Accompagnement à domicile par les proches:Des vacances pour éviter l'épuisement, mais comment?

13 juin 2003
Prendre des vacances est un casse-tête pourceux qui s’occupent de personnes dépendantes à la maison
L’idée même de placer, même provisoirement, un parent, est source de culpabilité. Une récente étude a mis en évidence l’importance pour les proches de savoir repérer leurs propres limites et de s’autoriser à prendre du temps pour soi. L’affection ni le dévouement ne protègent de l’épuisement. Demander de l’aide est un acte responsable qui peut éviter des dérapages. Le point avec René Goy directeur-adjoint de Pro Senectute Vaud.

L’enquête menée par le Centre Leenards pour la Personne Agée (CLPA) sur le maintien à domicile des personnes d’un très grand âge a répertorié les difficultés éprouvées par les proches qui s’occupent de personnes dépendantes: peine à comprendre certains besoins et exigences de la personne assistée et par conséquent à y répondre de façon adéquate ; sentiment s’impuissance face aux troubles du comportement de la personne âgée ; peur de se laisser emporter par l’agacement, voire par un comportement violent ; fatigue physique et maux de dos, sentiment de solitude, angoisse et frustration face aux professionnels qui n’ont pas le temps de les écouter, enfin manque de reconnaissance sociale de leur travail. Cumulées, ces difficultés peuvent engendrer une fatigue confinant à l’épuisement et parfois entraîner des dérapages qui débouchent sur la maltraitance. Un danger que connaît bien René Goy, adjoint de direction de Pro Senectute.

§Quand on part en vacances, on pense à placer son chien. On n’ose pas le faire avec une personne dépendante et on se sent coupable de vouloir le faire.Envisager de placer une personne dépendante, même pour un court séjour, est très culpabilisant. Les proches en charge d’un parent dépendant ont le sentiment d’abandonner la personne et de ne plus lui être loyaux. Or il est tout à fait légitime et nécessaire pour ceux qui aident une personne handicapée ou âgée de se donner les moyens de reprendre souffle afin de pouvoir tenir sur le long terme. Le souci de bien faire, le stress, la difficulté à maîtriser des soins compliqués, la volonté de s’en sortir seul, l’aggravation de la dépendance, peuvent induire des comportements de maltraitance, même si le désir profond de la personne est d’aider. A vouloir tout assumer en permanence, on dépasse parfois ses limites.

§Les solidarités familiales jouent-elles encore ou constate-t-on toujours plus de placements en EMS ?Le maintien à domicile est une prestation qui augmente par rapport au placement en maison de retraite. Des structures d’aide à domicile couvrent toute la Suisse, avec tout un réseau d’auxiliaires de santé, d’aides de ménage et de professionnels qui permettent même une hospitalisation à la maison. C’est vrai qu’il y a une tendance à la cassure entre les générations et à l’abandon des parents âgés par leurs enfants qui vivent leurs propres contraintes. Chaque génération est prise dans l’engrenage de sa propre vie. C’est pourquoi il est si important de soulager les parents qui s’occupent d’une personne âgée. Je tiens à rappeler que demander de l’aide est une attitude responsable alors que se laisser dépasser par une situation lourde et épuisante, peut entraîner des gestes de maltraitance.

§C’est donc aux Centre médicaux sociaux de sa région qu’il faut s’adresser pour demander conseil en matière de placement pour les vacances?Les CMS, après avoir fait une évaluation de la situation, peuvent proposer un court séjour dans un établissement médico-social. Chaque personne dépendante dispose d’un capital de 30 jours par an, qui peuvent être fractionnés en plusieurs courts séjours. Les CMS peuvent aussi proposer un accueil à la journée dans une unité d’accueil temporaire, cela de façon régulière. Ce type de placement à la journée est aussi un temps de répit pour la personne dépendante qui sort ainsi de son cadre habituel, se retrouve en compagnie d’autres personnes, bénéficie des soins d’une équipe professionnelle et se familiarise avec la vie en EMS, ce qui peut diminuer le stress si une admission de longue durée devait être envisagée à un moment donné.

§Quand faut-il s’y prendre ? Il vaut mieux planifier à l’avance un court séjour en été, période très recherchée pour les placements temporaires. Pour les situations urgentes, il faut s’adresser aux bureaux régionaux d’information et d’orientation (BRIOs), qui tiennent à jour les disponibilités en ressources d’un groupe d’institutions pour les courts séjours par exemple.

§www.pro-senectute.ch