Spécialiste de l’éthique journalistique, il rappelle que la déontologie de la profession se fonde sur trois valeurs : « La liberté d’expression du journaliste est contrebalancée par la valeur de vérité et par le respect de la personne, la dignité humaine. Sous prétexte d’humour, on ne peut pas oublier ce troisième aspect ».

Dans une prise de position datant de l’année dernière, le Conseil suisse de la presse a donc déclaré admissible la satire sur des thèmes religieux, « pour autant qu’il ne vise pas à diffamer ou à tourner en ridicule des symboles religieux, ou à blesser les convictions des fidèles pour lesquels ces symboles sont chargés de sens ».

Bref, il y a des limites à ne pas franchir. Non par conservatisme ou volonté de censure, mais tout simplement parce que « l’on se trouve là au niveau des convictions, et que le droit comme l’éthique protègent les signes d’une appartenance forte. Il y a un moment où l’on porte atteinte à ce que vit une personne dans ce qu’elle a de plus intime ».

Au sein du service protestant de la RSR, les journalistes sont naturellement au courant de l’affaire. Et tout le monde n’est pas d’accord, convient son directeur le journaliste et pasteur Michel Kocher. « Si pour ma part, je reste persuadé que l’on ne peut rire de tout et qu’il existe des limites à ne pas franchir, certains pensent le contraire, au nom du rejet de toute censure ». Du côté de l’Eglise catholique, la Conférence des évêques ne réagira pas « pour ne pas faire de publicité à ces gens-là », explique son porte-parole Marc Aellen. Même avis de Nicolas Betticher, attaché de presse du diocèse de Genève, Lausanne et Fribourg, qui avoue ne pas être au courant. L’évêque l’était-il lorsqu’il a accepté l’invitation de « La Soupe est pleine » en avril de cette année ? Apparemment pas, sinon il aurait refusé. Fait piquant, Mgr Bernard Genoud est aussi le président de la commission catholique pour les médias.