Il se méfie du réveil de certaines piétés fusionnelles, où règnent souvent, à son avis, le merveilleux et le miracle et où les mots sont pris au premier degré. Dans un petit livre qu’il a consacré au « Combat de la prière »*, il se dit convaincu que la prière passe aujourd’hui par une crise grave qui s’enracine dans l’homme moderne tout imbu de sa science, mais aussi dans l’image calamiteuse que nous nous faisons de Dieu. « Est-ce ce Dieu tout-puissant auquel on nous a appris à nous adresser dans l’enfance, dont l’image reste commune aussi bien aux croyants qu’à ceux qui la rejettent et ne croient pas ? » se demande-t-il. Cette image d’un Dieu vu comme un grand Manitou correspond-elle vraiment à celle du Dieu de Jésus. Il précise : « Nous nous adressons au Père ; d’accord. Mais quel Père ? La vie nous meurtrit dès l’enfance, sevrages, séparations, maladies, deuils, etc. Ces événements ressentis comme autant d’épreuves, font mourir en nous le petit enfant qui « peut » tout. Devant l’échec, ne fabriquons-nous pas un « Père » imaginaire tout-puissant afin de redevenir, grâce à lui, le bébé comblé que nous étions ? ».

Pour le théologien français, seul le Dieu qui s’est révélé dans la fragilité du Christ, accessible et compatissant, peut devenir le compagnon de joie ou de souffrance de sa vie. Il plaide pour une prière adulte, qui ne soit pas « une fuite devant notre propre finitude ni une intercession pour que nous soient épargnés les avatars de notre humanité ». Une prière où peut émerger et grandir l’homme intérieur.

§Jean Ansaldi, le combat de la prière, éd. Du Moulin.§Jean Zumstein, Notre Père, la prière de Jésus au cœur de notre vie, éd. du Moulin.