L'unité chrétienne se vit au quotidien dans les foyers mixtes

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L'unité chrétienne se vit au quotidien dans les foyers mixtes

14 août 2003
« Au lieu de comprendre l’enrichissement des couples mixtes, on les pousse trop souvent à s’éloigner des Eglises »
De retour du 2e Rassemblement mondial des familles interconfessionnelles qui s’est déroulé fin juillet à Rome, Jean-Baptiste Lipp, pasteur à Fribourg, évoque ces foyers pionniers qui font avancer l’œcuménisme sur le terrain et aspirent à être enfin considérés comme des artisans de l’unité chrétienne, et non pas comme des familles qui causent problème. Il est catholique, elle est protestante. Pour éviter de faire un choix et de se mettre l’une des deux familles à dos, le jeune couple a renoncé au mariage religieux. En fait, il n’a fait que repousser le dilemme de quelques mois. Un enfant est né de leur union et les jeunes parents se retrouvent à nouveau devant un choix : vont-ils faire baptiser leur enfant et dans quelle Eglise ? « Il faudrait dire à ce couple que le baptême est accepté et reconnu pareillement dans la plupart des Eglises chrétiennes, et qu’il n’hypothèque en rien le choix à venir qu’ils pourraient faire pour son éducation religieuse ! » conseille Jean-Baptiste Lipp, pasteur à Fribourg, qui a participé avec les siens au 2e Rassemblement mondial des familles interconfessionnelles qui s’est déroulé à Rome du 24 au 28 juillet dernier. « Au lieu de comprendre l’enrichissement de la mixité, on a tendance à enfoncer les familles mixtes dans la séparation des Eglises et on les pousse en réalité à s’en éloigner ! » déplore-t-il. Il sait bien de quoi il parle. Avec son épouse catholique, il forme l’un de ces foyers engagés qui réunit des conjoints issus de deux traditions ecclésiales différentes, et qui ont choisi de garder leur appartenance confessionnelle, tout en s’engageant également dans la vie, les célébrations et les activités de l’Eglise de leur conjoint. Jean-Baptiste Lipp et sa femme refusent de considérer la question religieuse au sein du couple comme un inévitable facteur de division. « Nos origines confessionnelles différentes sont pour nous un facteur d’émulation spirituelle ! Au fil de nos expériences quotidiennes, nous sommes devenus de véritables laboratoires d’unité ! ». Il témoigne aussi de la souffrance qu’engendre la division des Eglises, ressentie par les foyers mixtes qui se sont engagés pour l’unité des chrétiens, comme un scandale.

Si les mariages mixtes sont de plus en plus nombreux, tous ne vivent pas une situation de double appartenance confessionnelle. Les conjoints venus d’horizons religieux différents préfèrent souvent cheminer en parallèle, chacun dans son Eglise, ou se rallier à la confession de l’un d’entre eux. A moins que, découragés par les difficultés qu’on leur oppose, ils ne se distancent carrément de leur Eglise d’origine.

§Vers une communion partagée ?A Rome, les 330 participants à la rencontre ont vivement souhaité que les foyers mixtes soient enfin pleinement reconnus par leurs Eglises comme des partenaires engagés, « dont l’expérience représente une contribution modeste mais précieuse pour le mouvement œcuménique. Il a été notamment demandé, dans le message rédigé à l’occasion de ce 2e Rassemblement mondial, que les Eglises concernées ,- catholique romaine, anglicane, méthodiste, luthérienne, réformée, baptiste, vaudoise du Piémont, travaillent ensemble à l’accompagnement pastoral des familles interconfessionnelles.

La délicate question de la communion a été évoquée sans détour et fait l’objet d’un souhait inscrit dans le message rédigé à l’occasion du Rassemblement : « Nous souhaitons que dans l’attente de la pleine communion, de nouvelles solutions pastorales soient trouvées en ce qui concerne l’hospitalité eucharistique réciproque, qui puissent répondre au désir pressant des familles interconfessionnelles et d’autres personnes qui en ont un urgent besoin ». Le voeu est clair. Il a été entendu par le cardinal Walter Kasper, président du Conseil pontifical pour l’unité qui était absent de la capitale italienne mais a adressé un message à l’assemblée dans lequel il rappelle que cette unité n’est de loin pas encore une réalité, notamment au sujet du partage de l’eucharistie, mais que le dialogue engagé permet, souligne le message, « d’avancer dans la réconciliation et la construction d’une foi commune et d’une unité visible ». Les participants l’ont pris comme un encouragement à persévérer dans leur engagement, mais aussi à…patienter.