Des partis chrétiens à l'assaut du Parlement

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Des partis chrétiens à l'assaut du Parlement

28 août 2003
Des formations tentent de mélanger foi et engagement politique
Exemple dans le canton de Vaud où, pour la première fois, il y aura deux listes à l'étiquette chrétienne lors des élections fédérales du mois d’octobre prochain. Eclairage sur les motivations de ces croyants engagés, qui veulent mettre Dieu au milieu des débats. En matière de partis politiques chrétiens, le canton de Vaud connaissait déjà l’Union démocratique fédérale (UDF), présente à plusieurs reprises lors d’élections fédérales. Pour les futures votations d’octobre, l’UDF fera cause commune avec un nouveau venu, le parti évangélique (PEV). Créée tout récemment, la section vaudoise de cette formation quasiment inexistante en Suisse romande propose 9 candidats apparentés aux 18 noms de la liste UDF. Le but avoué des deux formations est de remporter l’un des dix huit sièges cantonaux au Conseil national. « Au niveau national, le PEV dispose de trois députés à la Chambre du peuple. Nous aimerions arriver à cinq », projette l’un des candidats, François Bachmann. Comme ses 8 colistiers, ce jeune informaticien n’a aucune expérience politique, alors que la liste UDF comporte plusieurs conseillers communaux.

Le « programme pour la réunification de la Suisse » présente les grandes lignes d’action du PEV : il faut édifier une « nouvelle réglementation qui fasse revivre la tradition d’une véritable co-responsabilité dans notre pays ». Lutte contre l’évasion fiscale, transfert de la route au rail, mise en place d’une véritable politique familial, créations d’une caisse maladie unique, interdiction de la publicité pour le tabac et l’alcool : si le programme ratisse large, c’est parce que, de l'aveu des candidats chrétiens, l’Evangile ne leur donne pas de formule politique toute faite, mais plutôt des principes fondamentaux qui remettent l’homme à sa juste place ».

Le PEV se veut moins conservateur que l’UDF et moins clairement évangélique. « De l’autre côté de la Sarine, 60%des membres sont issus des Eglises réformées officielles », souligne François Bachmann, qui sait que la manière dont les Eglises officielles considéreront le nouveau venu est décisive: « Si nous sommes étiquetés comme un groupe pentecôtiste, ce qui est faux, nous ferons un résultat très médiocre », reconnaît-il.

§Faire entendre la voix de chrétiens engagésJuriste et mère au foyer à Lausanne de 31 ans, Nathalie Weber-Braune a accepté de figurer sur la liste du PEV vaudois « parce que beaucoup de signes - de la décomposition familiale à l’augmentation de la violence - montrent que la société a besoin de se voir pénétrée des valeurs bibliques. Je crois que la Parole n’est pas réservée au dimanche matin, que beaucoup de gens sont en recherche et que la Bible peut représenter une réponse ». Engagée dans son Eglise, la communauté évangélique lausannoise de Villars, la jeune femme s’estime plutôt à gauche, « parce que protéger les faibles me paraît dans la ligne du Christ ». Elle conteste donc l’équation valeurs chrétiennes et conservatisme : « Au contraire, beaucoup des principes dont nous nous réclamons mènent à la liberté des hommes ».

Avis moins tranché de la part d’un autre colistier, Martin Bauert. Cet enseignant au sein d’écoles évangéliques de relation d'aide, récemment arrivé en Romandie, avoue qu’en général « on le considère plutôt de droite, notamment quant il s’agit de l’Europe ou de l’importance qu'il donne à la famille comme valeur centrale de la société . S’il a accepté d’entrer dans l’arène, c’est parce qu’il lui paraît important que les chrétiens se fassent entendre sur la scène politique : « Il ne s’agit pas de moraliser, mais de montrer que sur des questions éthiques on peut avoir un autre avis, fondé sur la Parole de Dieu ».