Le carême, grâce reçue et partagée
Au temps des apôtres, le jeûne était pratiqué en lien avec un événement pour soutenir la prière. Il a ensuite été pratiqué à Vendredi saint, jour de la mort du Christ, pour s’étendre progressivement à l’ensemble de la Semaine sainte. Il permettait d’accompagner les catéchumènes jusqu’à leur baptême la nuit de Pâques après deux ans de préparation. Par la suite, en lien avec la symbo-lique du chiffre 40, la durée s’est stabilisée et a incité le peuple chrétien à méditer l’œuvre de salut du Christ culminant à Pâques tout en réactualisant le sens de son baptême.
Faire carême
Une dimension de privation et un accent plus marqué sur la prière et l’examen de soi donnent sens à ce temps de retraite dans ce que l’on appelait l’imitation de Jésus-Christ. Le «disciple accompli» ne vise-t-il pas à être «comme son maître» (Luc 6, 40)? Ne trouve-t-on pas là un écho à la vision calvinienne de la vie chrétienne résumée dans les termes moyennement joyeux de mortification et de sanctification? Et plus fondamentalement aux deux dimensions du baptême: union au Christ crucifié dans la mort au péché et à sa résurrection dans la marche en nouveauté de vie (Romains 6, 11)? Soit les deux dimensions fondamentales et déclinables à l’infini de la vie chrétienne.
Actualisations
La centaine d’équipes de jeûne et prière dans le pays qui met à part une semaine durant le carême fait le choix d’un temps concentré d’une grande intensité. Pour des personnes très impliquées dans la vie active, faire carême d’un aliment particulièrement apprécié ou d’un outil de connexion peut permettre de cultiver le manque et de développer un aspect de la vie spirituelle. Associer à ces éléments d’approfondissement et de privation une dimension de partage de nos ressources aux plus démunis, ici comme au loin, est une splendide façon de faire carême ainsi que nous y invitent les campagnes proposées à cette période.
Questions
En protestantisme, à côté de la bénédiction de redécouvrir cet héritage qui nous a précédés, des voix critiques dénoncent dans la pratique du carême une mise en avant des œuvres allant contre la vérité biblique du salut par grâce. Toute pratique rituelle ou répétitive court en effet le risque de mettre la charrue avant les bœufs. Œuvrer en vue d’obtenir une grâce serait comme bien agir pour être aimé de ses parents alors que leur amour est premier et fondateur. Ainsi la semence de la grâce s’épanouit dans des gestes, des actions, des engagements.
Faire durablement carême
Dans le fond, tout est posé dès les origines avec l’accompagnement des futurs baptisés associés, comme tout chrétien, au Crucifié-Ressuscité qui invite à marcher à sa suite dans la lumière de l’Evangile en faisant durablement carême. De ce qui nous garde centrés sur nousmêmes et nous détache de nos sœurs et frères, les plus fragilisés en particulier. Grâce reçue à cultiver en se mettant en quarantaine de l’éphémère et en réformant nos voies pour qu’elle devienne toujours davantage grâce partagée. Une façon de rejoindre les initiatives de bonne gérance, de joyeuse sobriété et de les relier au Christ certes à imiter, mais surtout à accueillir. Et à proclamer !
Retraite de carême
Samedi 5 mars, de 14h à 17h au Centre paroissial de Romainmôtier avec Agnès von Kirchbach: «Sanctifiés et envoyés» Dieu pose un regard surprenant sur nos déserts: à Moïse, il demande d’enlever ses sandales; à Elie, il propose une galette et une cruche; au peuple endurci, il ouvre un rocher pour boire… plus tard, Jean-Baptiste et Jésus y découvrent leur envoi en mission. Comment comprendre les deux dimensions de notre baptême : être sanctifié et être envoyé? Cheminement biblique, approfondissement personnel et échange en petit groupe alterneront au cours de cet après-midi.