Les républicains au Congrès veulent l’adoption du nouveau décret sur la liberté religieuse

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Les républicains au Congrès veulent l’adoption du nouveau décret sur la liberté religieuse

Eliza Collins
4 mai 2017
Donald Trump se voit poussé par les républicains à signer un décret qui réduirait les protections envers les homosexuels, au nom de la liberté religieuse

Photo: Donald Trump © RNS/Reuters/Kevin Lamarque

(USA Today/RNS/Protestinter)

Washington – Des dizaines de législateurs républicains demandent au président Trump de réduire les protections établies pendant la présidence de Barak Obama envers les gays et les lesbiennes afin de tenir sa promesse de campagne visant à protéger la liberté religieuse. Au début du mois de février, Donald Trump envisageait de signer un décret qui renverserait les ordonnances de l'ancien président Obama interdisant la discrimination envers les homosexuels dans le cadre des emplois fédéraux. Mais ce décret n'a jamais été signé.

Un groupe de 51 membres de la Chambre a écrit à Donald Trump, ce mois-ci, pour «lui demander de signer le projet de décret sur la liberté religieuse, tel que rapporté par de nombreux médias le 2 février 2017, afin de protéger des millions d'Américains dont la liberté religieuse a été attaquée ou menacée au cours des huit dernières années». La lettre envoyée par les 51 membres n'a pas été publiée, mais a été obtenue par le quotidien américain «USA Today».

En février dernier, la Maison-Blanche avait déclaré que le président n'avait pas l'intention de signer une telle ordonnance: «L'ordonnance signée en 2014, qui protège les employés de la discrimination en lien avec l’orientation sexuelle restera intacte sous la direction du président Donald J. Trump». Fin avril, un haut responsable de la Maison-Blanche a déclaré qu'une politique de protection de la liberté religieuse était toujours en cours, mais que le président essayait de trouver un terrain d'entente. Le responsable n'a pas voulu s’exprimer publiquement sur une politique encore en discussion.

Soutenir tout en discriminant

Il a toutefois ajouté que Donald Trump soutenait clairement la communauté des lesbiennes, gays, bisexuels, transsexuels et queers (LGBTQ) – après les tirs dans une discothèque gay à Orlando, en Floride, et à nouveau pendant la Convention nationale républicaine - et s’opposait à tout type de discrimination. «Mais Donald Trump croit également qu'il devrait y avoir des dispositions qui permettraient aux gens d'exprimer et de maintenir leurs croyances religieuses», a ajouté le haut responsable, qui a reconnu qu’il serait délicat de trouver un équilibre et que des discussions étaient en cours afin de trouver la meilleure façon de procéder.

Au-delà des dispositions relatives aux employés, le projet de décret largement diffusé aurait éliminé le mandat sur la contraception qui exige que les institutions religieuses fournissent une assurance-maladie qui rembourse la contraception. Les législateurs républicains appuient également l'ordonnance qui permet aux médecins de refuser pour des raisons religieuses de faire des avortements. De plus, ils veulent établir des protections pour les organismes religieux à but non lucratif afin qu’ils puissent exprimer des opinions politiques sans perdre leurs exonérations fiscales.

Un stress pour les communautés religieuses

Le représentant républicain de l’Ohio Warren Davidson a participé à la rédaction de la lettre envoyée au mois d’avril. Il a soutenu que cela n’avait aucun sens de défendre l’ordonnance établie par Barak Obama. Il estime que ce décret cause un stress excessif aux personnes qui essaient de pratiquer leur foi.

Warren Davidson a évoqué la Catholic charities, une organisation qui facilite les adoptions et les placements en famille d’accueil, mais qui ne ferait jamais adopter d’enfants à des couples de même sexe. L'organisation a d’ailleurs eu des problèmes pour obtenir les licences, car elle ne choisit que des couples hétérosexuels mariés pour placer les enfants. «Fondamentalement, vous ne pouvez pas dire aux chrétiens: ‘Nous allons protéger le Premier amendement et les choses vont rester comme avant’. Et parallèlement demander à l'Eglise catholique de faire adopter des enfants aux couples de même sexe. C'est un affront à leur doctrine. On ne peut pas avoir les deux», a-t-il souligné.

Warren Davidson a ajouté que les démocrates devraient également soutenir la protection de la liberté religieuse. «Il me semble que, en général, les progressistes ont été très accueillants envers les musulmans et particulièrement contrariés par la position du président envers cette communauté religieuse. Je pense que ce nouveau décret pourrait être considéré comme un moyen de se réunir et de dire: «Non, le Premier amendement s'applique à chacun aux Etats-Unis».

Des républicains conservateurs

Les signataires de la lettre, tous des hommes à l'exception de la représentante du Missouri, Vicky Hartzler, incluent certains membres les plus conservateurs au sein des républicains. Une lettre similaire a été envoyée par les républicains du Sénat début avril. «Une ordonnance exigeant que les agences du gouvernement fédéral protègent le droit à la liberté religieuse est nécessaire ainsi que les organismes directeurs respectent les lois fédérales existantes protégeant la liberté de religion», stipulait la lettre.

Mais tout le monde n'est pas d'accord. Laura Durso du Centre progressiste pour le progrès américain a déclaré que la liberté de religion était déjà protégée par le Premier amendement et que tout effort visant à obtenir des protections supplémentaires créerait «une autorisation de discrimination au sein des programmes fédéraux».

«Vous ne pouvez pas avoir les deux positions dans cette administration. En fait, ils essayent de dire: ‘nous serons amis avec la communauté LGBTQ, mais nous donnons aux gens le droit de les discriminer’», a relevé Laura Durso, vice-présidente du groupe de recherches et de communication des LGBT. De son côté, JoDee Winterhof, vice-président de la Campagne pour les droits de l'homme, une organisation qui défend les droits des LGBTQ, a déclaré que si Donald Trump poursuivait le décret divulgué, «cela permettrait une expansion sans précédent de la discrimination financée par les contribuables».