La consécration d’une évêque lesbienne est contraire au règlement ecclésial selon la cour de discipline de l’Eglise méthodiste unie

légende / crédit photo
i
[pas de légende]

La consécration d’une évêque lesbienne est contraire au règlement ecclésial selon la cour de discipline de l’Eglise méthodiste unie

Emily McFarlan Miler
9 mai 2017
Alors que l’Eglise méthodiste unie mène un travail de réflexion sur la place des minorités sexuelles en son sein, l’organe disciplinaire de la dénomination rappelle que l’ordination de personnes homosexuelles n’est pas conforme au règlement en vigueur.

Alors que l’Eglise méthodiste unie mène un travail de réflexion sur la place des minorités sexuelles en son sein, l’organe disciplinaire de la dénomination rappelle que l’ordination de personnes homosexuelles n’est pas conforme au règlement en vigueur.

Photo: L’évêque Karen Oliveto entourée de sa maman (gauche) et de sa compagne (droite) lors de l’audience du Conseil de discipline. ©Agence de presse méthodiste unie (UMNS)/RNS

, RNS/Protestinter

La cour supérieure de l’Eglise méthodiste unie a tranché: consacrer comme évêque une pasteure ouvertement homosexuelle n’est pas conforme aux règles de l’Eglise. Mais dans son jugement un peu confus qui reflète le débat interne concernant la place des personnes LGBTQ au sein de la deuxième plus grande dénomination protestante aux Etats-Unis, la cour a aussi décidé que la révérende Karen Oliveto, sa première évêque ouvertement lesbienne «restait en règle». La décision a été annoncée fin avril, à la suite d’une rencontre de quatre jours à Newark dans le New Jersey.

Le révérend Bruce Ough, président de la Conférence des évêques de la dénomination, a publié une prise de position écrite, implorant les méthodistes à se conformer à cette décision. «Nous reconnaissons que ce verdict ne contribue pas à soulager les désaccords, l’impatience et l’anxiété qui imprègnent l’Eglise méthodiste unie en matière de sexualité humaine, et en particulier dans cette affaire», a déclaré Bruce Ough. «Notre compassion et nos prières d’intercession s’étendent à tous ceux qui sont blessés, soulagés, confus ou craintifs.»

La décision suit la consécration de Karen Oliveto en juillet dernier en tant qu’évêque de la région ecclésiale de «Mountain Sky» qui comprend des Eglises du Colorado, de l’Utah, du Wyoming et du Montana, ainsi qu’une Eglise de l’Idaho. Le nom de Karen Oliveto n’apparaît toutefois pas dans le recours conduit l’an passé par Dixie Brewster, déléguée laïque, auprès de la Conférence juridictionnelle du Centre-Sud. Dans sa requête, Dixie Brewster demande une prise de position de la Cour de discipline, pour savoir si la nomination, l’élection, l’assignation ou la consécration d’un ou une évêque ouvertement gay ou lesbienne était conforme au «Livre de discipline», le règlement ecclésial de la discipline. Le cas de Karen Oliveto a malgré tout été au centre de l’audience publique qui s’est tenue à Newark, rapporte l’agence de presse méthodiste unie.

Un représentant de Dixie Brewster a attaqué la décision de la juridiction de l’Ouest comme favorable à une évêque «qui nie, ignore et viole le Livre de discipline». Alors que le représentant de cette autorité a maintenu que Karen Oliveto répondait à tous les critères pour devenir évêque et que la Juridiction Centre-Sud n’avait pas autorité à contester son élection.

Le Conseil ne s’est prononcé que sur la consécration de Karen Oliveto, considérant qu’il n’avait pas compétence pour juger d’une élection ou d’une nomination comme évêque. Par six voix contre trois, il a déclaré qu’il n’était pas conforme pour une région de consacrer un «évêque qui de son propre aveux est homosexuel pratiquant.» Une formule issue du Livre de discipline où il est écrit «La pratique de l’homosexualité est incompatible avec l’enseignement chrétien.» Et par là, «les personnes qui de leurs propres aveux sont homosexuels pratiquants» ne peuvent pas être ordonnées comme ministre ou appelées à servir.

Par ailleurs, la décision déclare que «cet aveu n’annule pas la consécration et ne cause pas le retrait de la fonction épiscopale.» Il suffit de soumettre le bureau de l’évêque à un contrôle. Le Conseil souligne aussi que «tout évêque ouvertement homosexuel et partenarié» ainsi que tout membre du clergé qui aurait participé à sa consécration, pourrait être accusé de désobéissance.

Néanmoins, Karen Oliveto restera évêque jusqu’à ce qu’une procédure administrative ou disciplinaire conclue à sa destitution. John Lomperis, délégué à la Conférence générale en 2016 et directeur de l’Institut «religion et démocratie»— un groupe qui se décrit lui-même comme une voix pour «l’orthodoxie chrétienne», a déclaré dans une prise de position écrite qu’il était déçu que le Conseil n’ait pas mis fin aux fonctions de l’évêque. Mais il écrit «je me réjouis que ces décisions marquantes rende désormais significativement plus facile de demander des comptes aux pasteurs qui choisissent de violer les standards bibliques en ce qui concerne l’autocontrôle sexuel.»

Pour le révérend Alex da Silva Souto, pasteur responsable à l’Eglise méthodiste unie de New Milford dans le Connecticut et membre du caucus queer de la dénomination, le Conseil de discipline à légiféré sans voir plus loin que sa chaire, nourrissant les divisions dans la dénomination et en sapant le travail d’une commission déjà chargée de traiter des questions de sexualité humaines. Pourtant, alors que les rumeurs d’un schisme imminent continuaient à circuler, il a déclaré à l’agence RNS que le caucus était engagé au sein de l’Eglise méthodiste unie. «Nous sommes sortis du placard, pas de l’Eglise!», insiste-t-il.

Peu avant la décision de la cour disciplinaire, l’Eglise méthodiste unie a annoncé qu’une session extraordinaire de la Conférence générale se tiendrait en 2019, pour prendre une décision au sujet de l’ordination de membres du clergé LGBTQ et le mariage pour les couples de même sexe. L’organe décisionnel supérieur de la dénomination a ajourné une telle décision lors de sa rencontre quadriennale l’an passé. A la place, la Conférence générale de 2016 a donnée comme mission au Conseil des évêques de nommer une commission pour discuter de ces questions. La session extraordinaire de Saint-Louis recevra le rapport des évêques comme base de travail et de décision.

Le modérateur de cette commission a publié une prise de position avant la parution de la décision de la cour de discipline, précisant que leur travail continue et que le résultat de la procédure disciplinaire ne les influencerait pas. «Nous invitons l’entier de l’Eglise à rester concentré sur le travail de la commission, qui reste notre meilleure opportunité de déterminer la volonté de Dieu pour notre Eglise», écrit-il.

Le Conseil de discipline a traité trois cas qui ont un impact sur le clergé LGBTQ. Il a aussi pris une décision précisant que les autorités régionales de New York et du nord Illinois devaient prendre en considération toutes les qualifications d’un candidat au ministère, selon l’agence méthodiste unie. Elles avaient annoncé ne plus vouloir prendre en compte la sexualité dans l’évaluation des candidats.

Bruce Ough, le président de la Conférence des évêques, a pour sa part rappelé que seule une Conférence générale pouvait modifier le Livre de discipline et que les décisions du Conseil de discipline sont spécifiques à chaque cas. «De là, où allons-nous?», s’interroge-t-il. «Nous mettons notre confiance en Dieu qui nous renforce même si nous défendons des points de vue différents sur la sexualité humaine. Nous devons continuer à nous aimer les uns, les autres, comme le Christ nous l’a enseigné.»