Centre de Sornetan: l’humour du dessinateur Tony à l’honneur

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Centre de Sornetan: l’humour du dessinateur Tony à l’honneur

Nicolas Bringolf
6 juin 2017
L’humour prend momentanément ses quartiers au centre de Sornetan, dans le Jura bernois. A l’enseigne d’«Enfer et paradis… Et Dieu créa la Terre…», le dessinateur Tony expose ses caricatures de presse jusqu’au 25 juin. Des dessins qui, derrière une apparente légèreté, traduisent des observations essentielles et incitent à la réflexion.

Photo: Le dessinateur Tony ©Jeremy Jaquet

En invitant Tony — Tony Marchand à la ville —, le centre de Sornetan joue, l’espace d’un mois, la carte de l’humour et de la dérision. Transformés en cimaises pour l’occasion, les murs de l’institution offrent au regard des visiteurs une soixantaine de dessins de presse publiés notamment dans les mensuels «Réformés» et la défunte «Vie protestante Neuchâtel-Berne-Jura».

Lors du vernissage de l’exposition «Enfer et paradis… Et Dieu créa la Terre…», Pascal Flotron, président du comité du centre de Sornetan, a salué en Tony un homme qui croque l’actualité non pas à belles dents, mais à beaux crayons. «Accueillir un dessinateur, qui plus est, un dessinateur de presse, un dessinateur qui réussit à faire rire des travers de nos édiles contemporains dans un centre dépendant de l’Eglise réformée… est-ce bien raisonnable?», s’est interrogé, sur un ton badin, l’orateur.

Parole et art pictural

Humour et religion, vaste débat, a noté Pascal Flotron. «Bien entendu, on pourrait paraphraser Raymond Devos et raconter l’histoire de Luther: “Il était une foi, la mienne!” Mais on reste dans la parole, pas dans l’art pictural.»

Faisant alors référence à des historiens de l’art, l’intervenant a rappelé qu’«au début, l’art pictural ou sculptural — et le dessin est un art, ne l’oublions jamais — devait servir à sublimer la foi et la religion. Au cours des siècles, rares sont les dessinateurs qui ont appréhendé la foi, la religion et l’Eglise avec un regard malicieux, parfois ironique, mais jamais méchant. Force est de constater que c’est à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle seulement que l’art s’est un peu émancipé et a osé prendre des distances avec une orthodoxie dont le rire était souvent banni. Or, rire et sourire sont importants. Même le président Schneider-Ammann l’avait souligné d’une manière particulière», a relevé Pascal Flotron.

Egratigner sans attenter

Cette digression achevée, l’orateur a finalisé son propos en faisant remarquer que «Tony réussit ce tour de force de nous faire sourire, rire, en égratignant nos édiles, notre Eglise, nos pensées, parfois, mais sans attenter au sentiment religieux profond qui nous anime.»

Moins prolixe que Pascal Flotron mais tout aussi drôle, Tony a indiqué que l’exposition était construite en deux parties. La première présentant des dessins sur la religion et la seconde abordant des thèmes politiques, régionaux, économiques ou sportifs. «Comme vous pourrez le voir, les dessins sur la religion représentent l’actualité et les dessins d’actualité sont faits de beaucoup de croyances», a sobrement expliqué l’artiste.

Né «dessinateur de presse»

Tony Marchand semble avoir été conçu avec l’option «dessinateur de presse». Vers 12 ans, il remporte un concours de dessin humoristique à la télévision romande. Le gamin fait même très fort. Les deux caricatures qu’il réalise sur le même sujet, une pour la catégorie enfants et l’autre pour celle adultes, sont primées.

«Ça a été un déclic. J’aimais déjà ça, mais quand on te dit “c’est bien ce que tu fais!”, ça motive encore plus. Ça m’a amené à faire l’Ecole d’arts de La Chaux-de-Fonds et à devenir graphiste, car pour vivre de la caricature de presse c’est plutôt aléatoire.»

Après avoir régalé les lecteurs des quotidiens neuchâtelois «L’Impartial» et «L’Express», le dessinateur de Saint-Imier a longuement collaboré avec la «Vie protestante Neuchâtel-Berne-Jura». Ses dessins paraissent désormais dans les magazines «Ensemble» et «Réformés» ainsi que sur la RTS dans l’émission «Faut pas croire». Selon la nature de l’actualité, le «Journal du Jura» a également recours à son esprit percutant.

(nbr)