«Je souhaite que les valeurs de bases du protestantisme soient plus compréhensibles»
Sandra Chiocchetti, les Réformés doivent-ils faire de la publicité pour être pris en compte?
Sandra Chiocchetti : Nous évoluons dans un monde égocentrique. Il est important que l’Eglise soit visible et accessible. Les valeurs fondamentales de la Réforme doivent revenir à l’ordre du jour. Nous vivons dans un pays chrétien qui a bénéficié de la Réforme, c’est pourquoi l’Eglise peut se positionner plus clairement, elle doit aiguiser son image de marque.
Qu’est-ce que cela veut dire?
Ce n’est pas qu’une question d’image, cela concerne les fondements même de l’Eglise qui doit avoir un message clair et central. Nous tentons de le cristalliser avec cette campagne du Jubilé.
Que doit dire la campagne aux gens?
En premier lieu, elle doit relier et informer. Le message du Jubilé de la Réforme sera communiqué de manière très courte et perceptible. La campagne comporte des photos et des pictogrammes. Les pictogrammes permettent de faire passer des idées sans longues explications. Ils reprennent le langage de la génération digitale. Les images reflètent des thèmes actuels, les pictogrammes cristallisent le lien à l’Eglise réformée.
Comment faut-il interpréter les affiches?
Le symbole "Like" est combiné avec l’image d’un baptême. Cela montre que les valeurs sont transmises à la génération suivante. Le symbole "Ajouter un ami" est mis en relation avec l’image de réfugiés: nous sommes incités à déconstruire nos préjugés et à agir humainement. Avec des mains en prière, les observateurs sont invités à marquer une pause et à faire le plein d’énergie, c’est pourquoi le symbole "Charge" est également intégré. Finalement, l’image représentant une femme en pleine nature servira à souligner le fait qu’il faut être responsable en matière d’environnement. Le symbole "Play-Pause" qui accompagne l’affiche invite à ralentir.
Qu’est-ce qui vous a motivé à concevoir cette campagne?
Cela m’intéressait beaucoup de relever le défi qui consiste à positionner l’Eglise en tant qu’institution dans notre culture et notre société. J’étais motivée à rendre l’Eglise plus proche des gens en la présentant sous un autre aspect: ouverte au monde, sympathique et au goût du jour. L’Eglise doit se rapprocher des personnes qui en sont distancées.
Comment avez-vous vécu le processus créatif?
C’était passionnant et interactif. Il a été très utile que les objectifs soient très clairs afin de ne pas avoir trop de restrictions créatives. Nous avons envisagé plusieurs variantes. Ce processus a permis de se rendre compte de comment les réformés étaient perçus par le plus grand nombre.
Le slogan du Jubilé de la Réforme «oser penser - pouvoir agir - aimer croire» est utilisé dans la campagne. Est-il adapté ?
Le slogan me plait beaucoup. C’est exactement ce qui s’est passé il y a 500 ans, et il correspond aussi à notre époque: nous devons faire en sorte d’assumer nos responsabilités au travers de nos actions, ouvrir nos modèles de pensée et déconstruire les préjugés afin d’aller de l’avant.
Quel est votre rapport personnel à la foi?
Mes racines se situent depuis des générations dans la ville de Zwingli: Zurich. La foi m’a été donnée en tant que fondement de l’existence. A la maison, nous avons prié. Pour moi, des valeurs de bases comme la persévérance, la solidarité, la conscience écologique, le fait d’être mesurée, la liberté et la communauté sont importantes.
Votre souhait pour l’avenir de l’Eglise réformée?
Je souhaite que la Réforme continue, qu’à l’avenir, les valeurs de base soient encore plus visibles et compréhensibles. La campagne doit être une pierre d’achoppement et trouver une suite. Il est important que l’Eglise soit là où sont les gens. C’est pourquoi nous proposons aussi d’accompagner les paroisses pour qu’elles puissent se tourner vers l’extérieur.