Pain pour le prochain épingle LafargeHolcim

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Pain pour le prochain épingle LafargeHolcim

Joël Burri
3 mai 2017
Pour éviter les problèmes d’images liés au travail des enfants, une filiale du groupe franco-suisse aurait abandonné le travail avec des mineurs artisanaux, laissant toute une région sans ressource. L’entreprise s’en défend.

Photo: Des mineurs artisanaux ©Twerwaneho Listeners Club TLC

Alors que le groupe franco-suisse LafargeHolcim annonce ce mercredi de bons résultats pour le 1er trimestre 2017, avec une progression de 5,3% du chiffre d’affaires, l’ONG protestante Pain pour le prochain publie un rapport mettant en avant les manquements d’une filiale du groupe envers les populations d’une région minière d’Ouganda.

Selon Pain pour le prochain et son partenaire local Twerwaneho Listeners Club, Hima Cement, filiale de LafargeHolcim, a cessé, début 2017, de collaborer avec les mineurs artisanaux de la région pour ne recourir qu’aux mines mécanisées dans l’extraction de la pouzzolane, une roche volcanique utilisée dans la préparation de ciment, laissant ainsi toute une population sans ressource, selon l’enquête des ONG basée sur des interviews menées auprès de 54 informateurs sur une période de six mois.

La fin de collaboration avec les mineurs artisanaux intervient quelques mois après que le quotidien français «Le Monde» a publié un reportage accusant LafargeHolcim de collaborer sciemment avec des fournisseurs ayant recours au travail des enfants. Une accusation que l’entreprise réfute. Le travail des enfants est d’ailleurs clairement combattu par le Code de conduite des Affaires destiné aux fournisseurs publié par le groupe. «En Ouganda, depuis avril 2016, des enquêtes approfondies ont été menées par des auditeurs qualifiés et indépendants. Ils n’ont trouvé aucune preuve de travail d’enfant auprès d’Hima ou de ses fournisseurs», écrit un porte-parole du groupe LafargeHolcim contacté par Protestinfo. 49 visites surprises auraient ainsi eu lieu dans les mines.

Le groupe ne répond toutefois pas aux questions concernant la fin de la collaboration avec des mineurs artisanaux. S’agit-il d’une mesure pour éviter le travail d’enfants? Dans tel cas, le remède serait pire que le mal. Pain pour le prochain écrit: «Cette décision d’Hima Cement a de graves répercussions sur les populations locales. En effet, les enfants qui avaient abandonné l’école pour travailler dans les mines ont perdu leurs sources de revenus. Avec l’augmentation du chômage, la criminalité (vols) dans les communautés a augmenté. Sans revenu, de nombreux parents ne peuvent plus payer la scolarité des enfants et les décrochages scolaires ont augmenté.

A cet égard, LafargeHolcim ne satisfait pas aux exigences des Principes directeurs des Nations Unies pour les entreprises et les droits de l’homme (UNGP), selon lesquelles les entreprises devraient utiliser leur influence sur leurs fournisseurs pour prévoir des mesures de réparation dans le cas d’impacts négatifs sur les droits de l’homme.»

Pour le porte-parole de LafargeHolcim des mesures ont été prises: «Dans le cadre des engagements du groupe, Hima Cement a mis en place un programme de responsabilité sociale d’entreprise (RSE) actif depuis plusieurs années. A la suite d’une évaluation de ce programme, il est apparu que peu de mesures avaient été prises en dehors de la ville d’Harugongo et il a été décidé d’étendre le soutien du RSE à l’ensemble de la région. Il s’en est suivi plusieurs progrès. Un partenariat avec l’ONG SOS Village d’enfants a permis la mise en place de plusieurs programmes, par exemple un programme de soutien en famille qui inclut la création de revenus pour les communautés. Un protocole devrait être signé pour cela avant la fin du 2e semestre 2017. Par ailleurs, un projet d’installation sanitaire pour les enfants de l’école primaire d’Harugongo est en cours.»