Les chrétiens pratiquent la méditation depuis les premiers siècles
«Quand on parle de méditation, on rencontre souvent une certaine méfiance dans les milieux chrétiens, car on pense que c’est bouddhiste», déplore Catherine Charrière Meccio, animatrice de groupes de méditation chrétienne. Pourtant elle le rappelle: «la méditation existe bel et bien dans notre tradition chrétienne. Largement expérimentée dans la vie monastique, c’est une discipline qui permet d’enrichir sa vie spirituelle.»
La CMMC est une communauté œcuménique de prière fondée au XXe siècle par un moine bénédictin, John Main. Elle compte actuellement près de 150 personnes en Suisse romande. Deux groupes se réunissent régulièrement à Genève, et deux en Valais (voir encadré).
A Lausanne, un groupe se réunissait déjà le mardi à Notre-Dame du Valentin, et dès jeudi prochain un autre groupe pourra accueillir toutes personnes intéressées à l’église de Saint-Laurent, de 12h15 à 13h15, avec le soutien du pasteur Virgile Rochat.
Tous ces groupes sont conduits par des animateurs formés, précise Catherine Charrière Meccio: «devant la croissance importante des groupes, une école a été créée pour éviter les dérives. Chaque animateur a suivi au moins un premier module de base. Cette formation évite que les gens ne se perdent, et vise à en rester à la simplicité de l’enseignement de John Main.»
Une pratique dont on a des traces écrites
Après un premier contact marquant avec la méditation orientale lors d’un voyage en Inde, John Main découvre en 1973 que des lettres de Jean Cassien attestent qu’une forme de méditation très proche était aussi pratiquée par les Pères du désert, ces moines des premiers siècles du christianisme. La coordinatrice de la CMMC explique: «John Main a fait de cette méditation une pratique très simple, qui est à la fois une forme de prière et une discipline. Comme le faisait Jean Cassien, la méditation se centre sur un mot, ou une phrase sacrée. Se concentrer sur une parole permet d’arriver à être totalement en écoute, en présence».
Une méditation qui a pour centre le Christ, et qui ouvre au monde
Catherine Charrière Meccio l’affirme, pour bien comprendre la méditation chrétienne, il faut la vivre: «je pourrais vous en parler pendant des heures, mais pour comprendre ce que c’est, il faut d’abord en faire l’expérience. La méditation chrétienne est une ascèse qui nous ouvre sur l’Autre, Celui qui va nous donner tout. Il est important que les gens puissent trouver cette source en eux. Notre méditation est chrétienne, car elle a le Christ pour centre». Les participants viennent d’horizons très variés, mais la coordinatrice de CMMC Suisse remarque: «beaucoup de personnes sont venues dans les groupes après avoir pratiqué d’autres types de méditation, car il leur manquait la dimension spirituelle, celle qui nous centre sur autre chose que nous-mêmes. C’est une concentration sur l’Autre qui nous ouvre aux autres»
Immobilité du corps, simplicité et silence. Serait-ce si simple?
Au fil de sa pratique d’animatrice de groupe, Catherine Charrière Meccio a fait cette constatation: «souvent, les gens trouvent beaucoup trop simple de juste s’asseoir le matin et le soir, pendant 20 min!» Pourtant, tout se joue dans cette simplicité: «il s’agit de s’ouvrir à la grâce de Dieu qui est là, mais à laquelle nous ne sommes pas disponibles, accaparés que nous sommes par nos soucis de la vie quotidienne. Notre monde a soif de contemplatif. Avec le rythme effréné dans lequel nous vivons, les gens ont soif de ça et c’est très important que l’Eglise s’ouvre à la méditation», ajoute-t-elle avant de conclure: «le dialogue interreligieux m’intéresserait beaucoup… dans le silence. Dans la méditation chrétienne, le lien avec les autres se crée dans le silence. On est liés les uns aux autres par l’Esprit qui vient en nous. C’est très fort. Là, dans le silence, nous sommes tous frères et sœurs. Quel que soit le nom que l’on donne à ce qui nous transcende».
une formule qui n’est pas un mantra
Jean Cassien, moine et Père de l’Eglise, a vécu au Ve siècle dans le sud de la France. Il a fortement influencé la règle monastique de Saint Benoît. La phrase qu’il répétait pendant ses méditations était une antienne, utilisée encore aujourd’hui dans de nombreux monastères qui prient la liturgie des heures: «Dieu vient à mon aide, Seigneur, à notre secours». Peu de choses à voir avec un mantra secret ou une formule magique. Catherine Charrière Meccio raconte: «John Main ayant constaté que cette petite phrase suscitait beaucoup d’émotion, lui a préféré Maranatha, qui veut dire “Seigneur, viens!” en araméen, et qui est le mot sur lequel s’achève le Nouveau Testament. C’est ce mot que nous proposons aux participants qui n’ont pas leur propre “mot sacré”, explique Catherine Charrière Meccio. La parole sacrée, c’est comme le bâton du pèlerin pour avancer. La méditation chrétienne, c’est une prière qui implique tout notre corps, notre cœur et notre esprit.»
Liens
- Tous les lieux et les horaires en Suisse romande
- Le site de la communauté mondiale pour ceux qui veulent en savoir plus sur cette communauté œcuménique et son fondateur
- Le site francophone
- Espace 2 a consacré une semaine de reportages sur le sujet dans l’émission «A vue d’Esprit» du 11 au15 novembre 2013.