" La foi seule ": Jean Ansaldi (1934-2010)

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" La foi seule ": Jean Ansaldi (1934-2010)

Pierre Bühler
23 mars 2011
Jean Ansaldi nous a quittés l’automne passé, à l’âge de 76 ans. J’ai travaillé avec lui durant de nombreuses années, dans le cadre de l’enseignement de troisième cycle à la Faculté de théologie protestante de Montpellier.

Un homme du Sud (il hésitait toujours à monter plus au Nord que Lyon...), très attachant, quand on pouvait accepter sa verve, son humour, parfois cinglant, son amour du débat et son sens de la répartie. Je garde un excellent souvenir de nos nombreuses rencontres, toujours stimulantes interpellatrices.

Après avoir été pasteur pendant de nombreuses années dans l’Église réformée de France (à Jarnac, puis à Uzès), il a occupé la chaire d’éthique à Montpellier pendant 20 ans, de 1977 à 1997. À côté de son enseignement, il a assumé diverses responsabilités ecclésiales, notamment comme membre du Conseil national de l’Église réformée de Franc.

Double orientation

Mais il faut surtout mentionner que Jean Ansaldi avait une double orientation qui lui permettait d’allier l’éthique théologique et la psychologie religieuse: il était un parfait connaisseur de la psychanalyse, en particulier de Freud et de Lacan, et collaborait régulièrement avec des collègues de l’Université Paul Valéry de Montpellier dans ce domaine.
 

Jean Ansaldi ne pouvait guère imaginer que le travail théologique se fasse en vase clos, et c’est pourquoi il s’adonnait volontiers au dialogue avec la culture et les sciences humaines, (...) entre Luther et Lacan.

Cet aspect était important pour lui: il ne pouvait guère imaginer que le travail théologique se fasse en vase clos, et c’est pourquoi il s’adonnait volontiers au dialogue avec la culture et les sciences humaines. Ainsi, il était intéressant de discuter avec lui des possibilités de mettre en rapport Luther et Lacan !

Très entier dans ses convictions, n’hésitant pas à dire très clairement ses désaccords, il aura laissé d’importants repères à de nombreux étudiants en théologie et pasteurs. Mais il a aussi eu le souci de transmettre son savoir dans le domaine de la formation des laïcs.

En témoignent différents petits ouvrages de vulgarisation théologique, de très bonne facture, parus notamment aux éditions du Moulin. Je retiens surtout un beau commentaire du Notre-Père et une mini-dogmatique intitulée Dire la foi aujourd’hui.

Pour son septantième anniversaire, Jean Ansaldi a reçu de ses anciens étudiants et de ses collègues un recueil de mélanges intitulé Sola fide (éd. Labor et Fides, Genève, 2004). « La foi seule »: cela exprime bien ce qui constituait le cœur de sa passion théologique, la bonne nouvelle de la justification du pécheur par la foi seule sans les œuvres de la loi (cf. Romains 3, 28).

Mon premier contact avec Jean Ansaldi remonte à 1982-83, au temps des préparatifs du 500e anniversaire de Luther: je venais de commencer mon enseignement à Neuchâtel, et nous avions établi un contact en lien avec la traduction française d’une série de thèses de Luther consacrée à la tâche de définir l’être humain. En son centre, cette série de thèses pose justement qu’en Romains 3, 28, Paul donne la meilleure définition de l’être humain en disant: « L’être humain est justifié par la foi. »

C’est bien dans ce sens-là que Jean Ansaldi fut un être humain, avec ses forces et ses faiblesses, humain trop humain, mais justifié par la foi.

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