Rencontre romande des femmes protestantes à Vaumarcus :Décoder nos vêtements pour mieux tolérer la différence

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Rencontre romande des femmes protestantes à Vaumarcus :Décoder nos vêtements pour mieux tolérer la différence

23 septembre 2003
Jeltje Gordon Lennox, ancienne pasteure de l’Eglise presbytérienne puis de l’Eglise réformée genevoise, cherche à démêler les liens que nous tissons avec nos vêtements
Elle animera la prochaine rencontre romande des femmes protestantes les 27 et 28 septembre 2003 à Vaumarcus dans le canton de Neuchâtel. On y analysera les raisons qui influencent nos choix vestimentaires. Si le climat et la culture dans laquelle nous vivons influencent fortement notre façon de nous vêtir,la religion a aujourd'hui encore un impact sur notre rapport à la nudité. Interview.§Quel rôle remplit le vêtement?L’habit est un repère pour soi-même et les gens qui nous entourent. La manière dont les gens s’habillent nous renseigne sur qui ils sont et ce qu’ils sont. Même une simple ficelle est en relation avec un contexte culturel, social et familial.

§Pourquoi s’habille-t-on ?Les réponses sont très différentes selon les croyances et les lieux géographiques. Pour les chrétiens, l’histoire biblique de la création du monde a une grande influence. La nudité n’est plus tolérée, depuis qu’Adam et Eve ont été chassés du Paradis. Cet événement explique la relation que les chrétiens entretiennent avec leur corps. La nudité est liée à la honte et la culpabilité. Les Hindous, eux, s’habillent car ils estiment qu’ils de ne sont pas dignes de marcher tout nus. Ils estiment que plus on est digne, moins on a besoin d’habits. Les adeptes du Jaïnisme (religion située en Inde) vivent nus. Ils s’habillent uniquement pour des raisons sociales, travailler et sortir en société. Le climat influence aussi beaucoup l’habillement. Le voile que les femmes portent au Moyen-Orient leur permet de se protéger contre les éléments naturels : la chaleur, le vent et le sable. La religion et la culture y apportent leurs règles et leur signification. On ne peut pas analyser nos traditions vestimentaires avec comme seul outil la religion ou la culture. Les deux sont intimement mêlées.

§Quel rôle les couleurs jouent-elles?Les cultures et les religions ont souvent déterminé des règles. Elles peuvent être tout à fait opposées d’un continent à l’autre. Par exemple, on se marie en blanc sous nos latitudes. Cette couleur représente la virginité. En Chine, on se marie en rouge, la couleur de la gaieté et de la vie. S’unir en blanc serait mal vu et incompris car le blanc est utilisé pour les morts.

§La religion a-t-elle aujourd’hui moins d’influence sur nos choix vestimentaires?L’influence de la religion institutionnalisée diminue. Par contre, on observe une valorisation de la spiritualité qui se reflète dans notre habillement. Une femme suédoise, élevée dans une culture judéo-chrétienne, peut porter sur le front un bindi, petit point rouge qui est la marque des femmes mariées en Inde. C’est aussi le symbole du troisième œil dans l’hindouisme. On se permet aujourd’hui de reprendre et de mélanger des symboles spirituels différents. C’est un phénomène émergeant qu’on remarque surtout dans les villes cosmopolites où l’on retrouve des adeptes de toutes les grandes religions. Cette mixité religieuse entraîne de nouvelles formes de spiritualité.

§Est-ce une menace pour les religions?Le fait de mélanger des habits ou des accessoires liés à des traditions religieuses différentes n’est pas en soi une menace pour les religions. Les habits sont les symboles d’une religiosité. Or cette dernière décline. Elle devient pour beaucoup une coquille vide. On est en train de se défaire des institutions qui peinent à nous accompagner au long de notre vie. On découvre des symboles nouveaux qui nous donnent du sens.

§Lors du week-end que vous animerez, quel sera votre objectif?J’aimerais que les participantes puissent identifier les critères qui les poussent à s’habiller selon un certain style. En décryptant notre manière de nous vêtir, nous pouvons avoir plus de compassion à notre égard. C’est une manière d’encourager la tolérance en commençant par soi-même.