1er août: à chacun sa Croix

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1er août: à chacun sa Croix

17 juillet 2003
La Fête nationale transformée en grande journée de prière? Eclairage sur cet événement organisé pour la première fois en Romandie
Pour la troisième fois consécutive, mais pour la première fois en Suisse romande, un comité d’organisation issu des milieux évangéliques met sur pied un grand raout de recueillement. Des milliers de chrétiens, entre 8 et 10'000 espère l’équipe baptisée « Prière pour la Suisse », sont appelés à « chercher ensemble la face de Dieu » afin qu’il « nous guérisse et nous renouvelle », selon les termes du dépliant trilingue diffusé surtout dans les communautés dont le mouvement est parti.

Après Bienne en 2001 et l’Emmental l’année dernière, c’est donc à Fribourg que les organisateurs comptent répondre à l’appel lancé par le Livre des Chroniques (2 Ch 7,14) : « si mon peuple cherche ma face, je guérirai son pays ». Parmi eux, Thomas Weber se réjouit de cette première incursion en terre francophone : « La participation fut surtout alémanique lors des deux premières éditions. Nous tenions à franchir la Sarine et avons pour cela créé un comité romand qui permette de faire le lien entre les deux régions linguistiques ».

L’initiative est largement soutenue par les Eglises évangéliques et par différents mouvements gravitant au sein de cette même mouvance comme Jeunesse en mission (JEM), le Forum des Hommes, Campus pour Christ ou l’Alliance évangélique. Mais les initiants ne désespèrent pas de gagner à ce qu’ils nomment un « combat pour un renouveau spirituel » des croyants catholiques ou réformés, même s’ils reconnaissent que les contacts institutionnels n’ont pas rencontré beaucoup d’écho. « Du côté protestant, l’une des raisons est peut-être structurelle, souligne Thomas Weber : leur organisation se veut plutôt cantonale, alors que nous organisons cet événement au niveau suisse ». Il semble cependant que la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS), organe fédérateur de la communauté réformée officielle, n’aie pas davantage apporté son soutien.

§Du patriotisme, pas de nationalismePourtant, pour Heinz Sutter, responsable romand de JEM et autre membre du comité, cette réaction face à l’abandon des valeurs bibliques et historiques de notre société doit concerner chaque croyant : « En tant que chrétiens, nous ne devons pas être fatalistes. Il existe un réel devoir de présence. Notre but : nous réunir dans une attitude de prière pour dire à Dieu que l’on aimerait que son nom soit davantage invoqué ». Et si l’idée de ce rassemblement a germé au sein des assemblées évangéliques, c’est aussi pour des raisons historiques, explique Thomas Weber : « nous sommes longtemps demeurés repliés dans nos communautés. La volonté de nous ouvrir au monde et de participer à la vie de la Cité est récente ».

De toute manière, précise le comité, cette journée doit être considérée comme le jalon d’une prise de conscience beaucoup plus large. « Prière pour la Suisse » a été fondé il y a bientôt vingt ans et a provoqué de nombreuses initiatives locales et régionales. Heinz Sutter : « Actuellement se développe un renouveau de la prière chez nous comme ailleurs, à l’instar des nombreux ‘groupes de maison’, ou encore de ce millier de recueillements hebdomadaires pour l’école et les enfants ».

Que Dieu redevienne le protecteur de la Suisse comme lors de l’invocation du Grütli, que l’on retrouve les valeurs de l’Evangile, voilà des objectifs pour le moins ambitieux. Cela ne revient-il pas à susciter de grands espoirs au sein des participants ? « Un élan d’espérance sera toujours mieux que de la résignation, répond Heinz Sutter. Des changements sont possibles, mais mettre ensemble des hommes et des femmes pour prier nous paraît déjà une belle dynamique ».

Reste le choix d’une date souvent mise à profit par les plus conservateurs pour ne pas dire nationalistes. Heinz Sutter : « C’est avant parce que c’est un jour de congé. Par ailleurs, le 1er août existe justement pour se préoccuper de notre pays et c’est bien ce que nous voulons faire. Il faut peut-être y voir un acte de patriotisme, certainement pas du nationalisme ».