La « Pastorale de la rue » fait école à Neuchâtel

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La « Pastorale de la rue » fait école à Neuchâtel

3 juillet 2003
Viviane Maeder, présence bien connue des démunis lausannois, a quitté le Léman pour développer un projet similaire dans la ville de Farel
Un projet oecuménique qui répond à un vrai besoin selon Katia Demarle, une autre diacre déjà à l’œuvre dans les lieux publics de la Chaux-de-Fonds.Viviane Maeder, collaboratrice de longue date du pasteur Jan de Haas au sein de la pastorale des rues lausannoises et récemment nommée à sa succession***, vient de déserter les bords du Léman pour les rives de Neuchâtel. « J’ai pris mes fonctions depuis quelques semaines à peine. Cette offre de développer un projet d’aumônerie en ville de Neuchâtel m’a enthousiasmée », explique la diacre qui retrouve ainsi sa région d’origine.

C’est « Dorcas », une association oecuménique composée de personnes et de membres d’Eglises préoccupés par les questions sociales, qui a fait appel à Viviane Maeder. « ‘Dorcas’ nous a soumis ce projet, qui nous a paru prioritaire, souligne Isabelle Ott-Baechler, présidente du Conseil synodale de l’Eglise réformée neuchâteloise (EREN). En compagnie des catholiques romains et des catholiques chrétiens, nous avons signé une convention avec cette organisation pour une expérience exploratoire qui sera évaluée sans doute fin 2004 ».

Les trois Eglises officielles neûchâteloises salarient Viviane Maeder et seront présents au sein du futur comité de l’aumônerie, ce qui en fait un poste réellement oecuménique. Isabelle Ott-Baechler : « Le but principal est d’offrir une présence qui comprenne aussi une dimension spirituelle au-delà de l’aspect social. La recrudescence de la pauvreté demeure une préoccupation de nos trois communautés et les gens concernés ne sont pas plus protestants que catholiques. Une collaboration tripartite est rapidement apparue comme une évidence ». La présidente du Conseil synodal reconnaît qu’à travers son travail de longue haleine dans la capitale vaudoise, Viviane Maeder dispose d’une expérience encore inédite à Neuchâtel.

§ La rue pour bureauSi la diacre lausannoise vient d’arriver dans la ville de Farel et demande un peu de temps pour trouver ses marques et définir l’ampleur des besoins, une expérience plus ou moins similaire existe depuis le début du siècle à La Chaux-de-Fonds. « Officiellement, l’aumônerie de rue entame sa quatrième année ; dans les faits, j’ai commencé il y a deux fois plus longtemps », sourit Katia Demarle. Pour cette diacre, ancienne enseignante, ni adresse professionnelle, ni téléphone fixe. « Mon bureau, c’est un portable et les tables de bistrots ». A La Chaux-de-Fonds, tout a commencé avec la demande de la direction du « Seuil », centre laïc pour toxicomanes. « Il y avait un réel besoin en accompagnement spirituel », se souvient Katia Demarle. Après un stage et une période d’essai, la jeune femme s’installa petit à petit dans une fonction qui n’a rien d’une routine. « Je travaille en liens avec les éducateurs de rue et les assistants sociaux de La Chaux-de-Fonds, mais je suis seule à assurer une présence ecclésiale. Avec près de 300 toxicomanes et de plus en plus de gens touchés par le chômage de fin de droit, l’alcool ou les problèmes psychiatriques, c’est insuffisant. Mais c’est une goutte d’eau nécessaire; le rôle des Eglises consiste aussi à rejoindre les gens là et dans l’état où ils sont ».

Comme Viviane Maeder et de la même manière que l’équipe lausannoise, Katia Demarle ne veut pas entendre parler de prosélytisme: "Pas question de remplacer une drogue par une autre !». Elle se contente d’expliquer son choix de vie et le chemin qui est le sien. « Certains sont interpellés, d’autres pas du tout. Ce n’est pas le plus important. L’essentiel est d’être avec ces personnes, de les écouter, de partager des moments avec eux ».

En lien spirituel avec l’EREN, qu’elle rejoint lors d’interventions au catéchisme ou dans des groupes de paroisse, Katia Demarle se sent « hors des murs, autant par choix que par nécessité. Cependant, si j’ai dû me battre au début, je crois cependant qu’aujourd’hui l’EREN reconnaît l’utilité de ce poste ». La venue de Viviane Maeder la réjouit, parce qu’elle se sent « sur la même longueur d’âme », et aussi car elle comblera un vrai besoin en ville de Neuchâtel ».