L'histoire d'un cours d'eau devenu projet missionnaire

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L'histoire d'un cours d'eau devenu projet missionnaire

27 juin 2003
Les Eglises réformées de Suisse romande ont tourné, le dimanche 22 juin en Zambie, une page importante de leur histoire africaine
Au travers de la Cevaa, une communauté internationale d’Eglises en mission, elles ont remis à l’Eglise unie de Zambie le projet autour du canal du Nyengo.Le dimanche 22 juin, lors d’un culte à Mongu dans l’ouest de la Zambie, la Cevaa a remis en mains zambiennes son projet autour du canal du Nyengo. Depuis plus de 10 ans, 47 Eglises protestantes de Suisse, de France, d’Italie, mais aussi d’Afrique, d’Amérique latine et d’Océanie membres la Cevaa, se sont engagées dans un projet missionnaire original : désensabler un canal long de 115 kilomètres, afin de faciliter la mobilité d’une population très défavorisée. Aujourd’hui, grâce à cette voie de communication navigable, les habitants de la région peuvent parcourir le canal en 3 jours sur leur pirogue alors qu’il leur fallait 2 semaines par le passé. De nombreuses communautés chrétiennes sont nées le long du cours d’eau.

Depuis le lancement de ce projet de réhabilitation du canal du Nyengo en 1992, la Cevaa a investi 1,8 million de francs. Ces fonds provenaient de l’aide publique au développement suisse et française notamment et des Eglises membres.

§« La main de Dieu est-elle trop courte ? »Ce projet missionnaire doit son origine au propos d’un mineur de l’ouest de la Zambie qui travaillait en Afrique du Sud. Un jour, il fait remarquer au pasteur suisse Guy Subilia, aumônier des mineurs dans ce pays, que « la main de Dieu est trop courte pour atteindre sa terre d’origine, la région de Nyengo-Macoma ». Piqué au vif, le pasteur Subilia parle de cette région à la Cevaa qui décide d’en faire un lieu d’engagement prioritaire.

De 1992 à 1996, près de 1000 personnes participent à la réhabilitation de ce canal vieux d’un siècle, mais complètement bouché au fil du temps. Après cette première étape, la Cevaa se rend compte qu’elle ne peut en rester là. Elle se doit d’initier une campagne de lutte contre la pauvreté. Une vingtaine de groupes de femmes voient le jour. Ils permettent de développer davantage de solidarité économique par des cultures communes comme celle du riz ou par la confection d’jos_content de vannerie.

A l’embouchure, une école est ouverte. Elle accueille une centaine d’enfants très éloignés de tout établissement scolaire. Au kilomètre 106, un dispensaire offre aujourd’hui ses prestations à quelque 25 villages très isolés. Des cours de santé communautaire sont également mis en place. Des sages-femmes assistantes sont formées et des cours de prévention contre le virus du sida mis en place dans une région où le 20% de la population est infectée.

§Quel avenir ?Devant un parterre d’un millier de personnes, le pasteur Patrice Siyemeto, évêque de l’Eglise unie de Zambie, a remercié la Cevaa pour son engagement pendant plus d’une décennie. Il assure que son Eglise fera son possible pour reprendre à son compte cette action. Dans son discours, il relève aussi qu’il n’est plus de mise aujourd’hui de laisser partir une part importante des forces humaines de la région vers l’Afrique du Sud. « Le développement économique doit trouver sa place dans la région du Nyengo elle-même », ajoute-t-il encore.

Pour Alain Rey, secrétaire général de la Cevaa, une question demeure lancinante : l’avenir du canal. Depuis 2 ans, le gouvernement zambien apporte certes sa contribution à l’entretien du canal du Nyengo, mais ce financement ne couvre pas la totalité des dépenses. « Le gouvernement prendra-il le relais dans la durée ? s’interroge le pasteur français. Nous, nous avons fait notre travail, ajoute-t-il. Nous venions pour réhabiliter un canal, puis le restituer à la population. Nous avons rempli nos objectifs ».