Finances: l'Eglise genevoise écorne la solidarité romande

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Finances: l'Eglise genevoise écorne la solidarité romande

3 avril 2003
En mal de recettes, l’Eglise genevoise doit économiser
Elle évite pour l’instant les licenciements, mais décide de réduire de moitié sa participation aux ministères romands. A courte échéance, le manque à gagner devrait être compensé. Mais si la morosité persiste, moyens et objectifs devront être drastiquement revus. L’alerte date de 2002. Cette année, le déficit se confirme. L’Eglise protestante genevoise (EPG) doit revoir son budget à la baisse. Malgré un troisième appel en direction des citoyens de confession réformée, les rentrées ne seront pas suffisantes pour boucler les comptes. « Puisque notre année fiscale commence en avril, il faudra attendre un peu pour avoir des chiffres précis, note le chargé d’information John Grinling. Disons que cela semble moins calamiteux que l’on pouvait le craindre ». Une litote qui n’empêche pas la nécessité de mesures drastiques. « Le Consistoire a dû économiser 1,6 million de francs sur les dépenses agendées pour cette année. En interne, cela signifie le gel de 7 postes, la diminution générale des subventions et la décision de ne pas repourvoir les postes vacants. Cela nous permet d’éviter pour l’instant tout licenciement économique », souligne Joël Stroudinsky, président de l'Eglise.

Au niveau cantonal, le pire est donc pour l’heure évité. En revanche, cette situation financière délicate contraint l’EPG à une décision considérée par beaucoup comme un dangereux précédent : toutes les contributions extérieures de l’institution du bout du lac se voient réduites de 50%. « Depuis un certain temps, nous ne sommes déjà plus en mesure d’acquitter notre cotisation à la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS). Cette fois, en plus, nous ne verserons que la moitié de la contribution de 290'000 francs prévue pour les ministères romands cette année », confirme Joël Stroudinsky.

§Espoir d’un avenir meilleurCertes, avec des économies réalisées à 60% en interne, difficile d’accuser l’EPG de réduire son déficit sur le dos de la solidarité. « Nos propres postes sont menacés. Si nos finances ne s’améliorent pas, il deviendra impossible de ne pas remettre en question notre niveau de participation à des organismes romands », avertit le président. De plus, la participation genevoise représente environ 16% du budget de la Conférence des Eglises romandes (CER). Ce choix genevois ne représente toutefois pas une catastrophe pour elle. Mais qu’adviendra-t-il si Vaud, poids lourd financier qui couvre à lui seul 54% de la CER, diminue à son tour sa contribution ? Joël Stroundinsky : « C’est naturellement très délicat, parce qu’il s’agit d’une question de solidarité ecclésiale à laquelle nous sommes attachés. On peut temporairement trouver des solutions, mais si d’autres cantons n’étaient plus en mesure de payer, il faudra rediscuter les moyens et les objectifs de la CER. »

En 1995, la réorientation des ministères romands devait être une opération blanche. Mais c’était sans compter une récolte de fonds de plus en plus ardue. Olivier Perregaux, président de la CER, le sait bien. « En principe, 2003 et 2004 sont assurés. Ensuite, il faut espérer que les difficultés rencontrées à Genève comme ailleurs seront passagères ». Dans l’immédiat, l’exécutif romand s’apprête à proposer un plan de sauvetage lors de l’assemblée générale des délégués, fin mai. « Nous ne voulons pas baisser les bras, et proposer pour l’année prochaine un budget où le manque à gagner sera compensé soit par les Eglises membres qui le peuvent, soit par les réserves de certains départements », détaille le président de la CER. En souhaitant, une fois encore, que l’avenir s’éclaircisse.