Elle y a travaillé depuis les débuts, en 1953, – il fallait alors nourrir les 70 ouvriers du chantier dans des cuisines improvisées dans les chambres à lessive des maisons alentours, - et jusqu’à sa retraite : en tout 42 ans de bons et loyaux services. Elle connaît la maison à laquelle elle a voué toute sa vie dans ses moindres recoins. Elle en a été l’âme et le point fixe. Entrée à 20 ans au service de la famille du premier résident, le pasteur Charles Nicole Debarge, elle devint rapidement le cordon bleu du lieu puis la gouvernante. Elle y fut aussi jardinière, peintre en bâtiment, chauffeur, lingère, hôtesse d’accueil.

Liliane Jossevel habitait la ferme, juste en dessous de la colline de Crêt-Bérard, au-dessus de Puidoux (VD) où son père était paysan. Pas question pour elle d’aller en Suisse alémanique pour apprendre l’allemand, comme elle l’aurait souhaité : il fallait aider au train de campagne. Quand elle eut vingt ans, il lui fallut « se placer ». Elle n’alla pas bien loin : on l’attendait sur la colline, où se relayèrent quelque 3000 Jeunes Paroissiens (JP) sur le chantier de la Maison de l’Eglise rêvée par Albert Girardet, alors aumônier de jeunesse. Elle y habita d’abord dans une chambre de bonne, puis dans un studio à la Maisonnée, quand celle-ci fut construite pour le personnel. Elle s’est dévouée sans compter pour que « sa » maison tienne le coup à travers les années. Elle a connu l’accueil à la bonne franquette des débuts, mais aussi la professionnalisation des services hôteliers proposés : pas question en effet de recevoir les groupes d’entreprise qui choisissent de tenir séminaires et cours de formation à Crêt-Bérard, sans façon et dans des dortoirs. Aujourd’hui, au 9ème étage de son immeuble-tour de Puidoux, elle se réjouit de pouvoir assister à la journée anniversaire du 27 septembre prochain, qui marquera les 50 ans de la maison. Pourvu que sa vue, très diminuée, ne se brouille pas . Elle tient à tout revoir.