Se donner le droit d'être différent
«Protéger les personnes vulnérables»: depuis environ une année, cette injonction fait partie des administrations et autorités médicales, cantonales et fédérales. Observation statistique à l’appui, les 65 ans et plus se retrouvent systématiquement inclus dans cette catégorie de personnes. Si elle nous a, bien entendu, permis d’assister à de magnifiques démonstrations de solidarité, la crise sanitaire qui se prolonge a aussi poussé certains à faire un lien un peu rapide entre âge et mesures de protection, ce qui n’a pas manqué de mettre ici et là à mal le lien entre générations ou à provoquer un sentiment de culpabilité chez celles et ceux qui commencent parfois à intégrer faussement que c’est à cause d’eux que l’on sacrifie l’économie.
Mais lorsque l’on contacte des experts de divers horizons sur le thème de l’âgisme, l’un des premiers constats que tous partagent assez rapidement, c’est qu’en matière de discrimination liée à l’âge, on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même! En effet, même lorsque l’on est concerné, l’on a tendance à prendre pour vrai ce que l’on dit de… Et si c’est vrai pour l’âgisme, peut-être l’est-ce aussi pour d’autres stéréotypes!
Les sociologues utilisent le concept de «prophétie autoréalisatrice»: quand on tient quelque chose pour vrai, on aura tendance consciemment ou non à faire en sorte que cela devienne vrai. Ou pour reprendre la formule de Jean «Au commencement était la Parole». Il serait peut-être temps que l’on se mette à croire que chacun de nous est un individu avec ses particularités et ses différences.