A Noël, les Eglises font le plein
«Le culte du 24 décembre au soir est celui qui rassemble le plus numériquement. La plupart des personnes que nous rencontrons ce soir-là ne viennent qu’à cet office de toute l’année. Cet événement répond à une attente sacrale», raconte Virgile Rochat, pasteur à la Cathédrale de Lausanne. Même son de cloches du côté de Jacques-Etienne Deppierraz, pasteur de la région La Côte dans l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud. «C’est certain qu’au culte de Noël, un grand nombre de personnes trouvent du sens à venir en particulier ce jour-là».
Qui sont ces fidèles d’un soir? Le sociologue des religions Jörg Stolz parle de «distanciés». «Il s’agit d’un grand groupe au sein de la population, membre des Eglises officielles, qui se considère comme légèrement religieux, mais qui habituellement ne donne pas beaucoup d’importance à son lien avec le christianisme. Ce ne sont pas des personnes athées. Quelque chose de religieux se manifeste en elles à Noël. Une période de l’année où elles repensent à leur enfance, et ce lien religieux réapparaît et se vit comme une part de leur identité», explique-t-il.
De son côté, la pasteure Isabelle Ott-Baechler de l’Eglise évangélique réformée du canton de Neuchâtel tient des propos plus nuancés. Cette année, la ministre animera un culte pour les enfants le 24 décembre à 17h au temple de Boudry. «Cette rencontre rassemble énormément de monde, mais en général, tous les cultes spéciaux attirent beaucoup plus de monde que les offices ordinaires. Je pense que cela dépend également des lieux et des publics». Une position que soutient également la pasteure Vanessa Lagier dans la paroisse de La Glâne – Romont dans le canton de Fribourg. «Je remarque une belle présence pour tous les cultes adressés aux enfants».
L’importance des chants
Jacques-Etienne Deppierraz souligne toutefois que les cultes de Noël et de Pâques ont une dimension festive plus importante que ceux des dimanches ordinaires. «Le public à Noël aime particulièrement chanter lors des offices», ajoute Vanessa Lagier. Bien que l’assemblée soit différente en cette période de fêtes, les pasteurs ne modifient pas leurs discours. Ils affirment néanmoins que prêcher chaque année sur la nativité relève du défi. «Il faut se renouveler soi-même dans sa lecture pour apporter quelque chose de neuf», estime Jacques-Etienne Deppierraz.
«A la Cathédrale, il y a 10 fois plus de personnes le 24 au soir qu’à un culte ordinaire le dimanche matin. C’est réjouissant et mérite d’être tout particulièrement soigné», ajoute Virgile Rochat. Pour Jörg Stolz, c’est la tradition qui fait renaître le besoin d’ajouter un élément spirituel à la fête de Noël. Il observe toutefois que ce rendez-vous à l’église tend à se dissiper progressivement. «De manière générale, les gens en Europe deviennent de moins en moins religieux. Ils s’interrogent donc sur la pertinence de perpétuer une tradition spirituelle à laquelle ils ne croient plus vraiment», constate le sociologue des religions.
Noël risque-t-il de disparaître? «Noël en tant que fête n’est pas en danger, loin de là. Beaucoup d’acteurs ont des intérêts économiques, politiques et familiaux. La fête va rester, mais actuellement elle est en train de lentement se déchristianiser. On le voit, par exemple, dans le fait que nos chants de Noël parlent de plus en plus de l’hiver et de moins en moins de Jésus».