Les journalistes et les techniciens ont été placés trois jours en garde à vue « sans pouvoir utiliser des sanitaires décents, manger correctement et pouvoir contacter leur famille », a dit à ProtestInfo Théodore Randriamanantena, l'ancien directeur de cette radio, installé en France. L'Eglise réformée a engagé un avocat pour leur venir en aide, a indiqué un membre de cette Eglise contacté par téléphone.

« Je suis inquiet », a déclaré l'ancien directeur de la radio. « Certains des détenus ont entamé une grève de la faim, mais cela ne sert à rien ».
Soutien international Depuis le jour de l'arrestation, différentes organisations ont pris la parole pour interpeller l'opinion publique. Parmi elles figurent l'Alliance réformée mondiale, le Conseil oecuménique des Eglises, Reporters sans frontières, DM-échange et mission ainsi que Médias-pro, l'Office protestant des médias de Suisse romande.

A Antananarivo, le matériel des studios de Radio Fahazavana a été saisi et ses dix collaborateurs arrêtés le 20 mai dernier. Déférés devant le procureur, ils ont été inculpés vendredi 29 mai « d’atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat ». Inquiets, le DM-échange et mission et Médias-pro ont interpellé l'ambassadeur malgache en Suisse. Dans une lettre, ils «  appellent à l’impartialité de la justice et demandent que les droits fondamentaux soient respectés, ainsi que le droit à la liberté de la presse ».

Par le biais du service protestant de la Radio Suisse Romande, des journalistes et animateurs se sont rendus à Madagascar pour soutenir et former leurs confrères depuis de nombreuses années. Ils ont accueilli à plusieurs reprises des confrères malgaches à Lausanne pour des stages de formation.
Grave crise politique Dans le cadre de son partenariat avec la FJKM, DM-échange et mission a soutenu cette formation de journalistes, de même qu’il collabore avec cette Eglise dans le domaine de l’éducation, de l’appui aux groupes marginalisés de la population et de la formation des pasteurs. Un délégué est d'ailleurs parti le samedi 5 juin pour faire le point sur les programmes en cours.

« Nous suivons avec attention l’évolution de la situation et sommes conscients de sa complexité », souligne Jacques Küng, secrétaire général de DM-échange et mission. « Si une partie des membres de la FJKM sont des partisans de l’ancien président Marc Ravalomanana, lui-même membre de cette Eglise, d’autres sont capables d’un regard critique et beaucoup sont engagés dans des processus de dialogue et de médiation des conflits. »

Madagascar est plongée dans une grave crise politique depuis fin 2008, qui a conduit à l'éviction du président Marc Ravalomanana en mars 2009. Ce dernier avait gardé pendant son mandat la casquette de vice-président du conseil synodal de la FJKM. Avec le soutien de l'armée, il a été remplacé par son principal opposant, l'ex-maire d'Antananarivo, Andry Rajoelina, selon les agences. La fermeture de la chaîne de télévision Viva fin 2008, appartenant à M. Rajoelina, avait servi de catalyseur et permis de rassembler plusieurs milliers de personnes dans la rue.

Au moment de l'accession au pouvoir de M. Ravalomanana en 1998, les radios avaient joué un rôle similaire. Elles avaient permis de rassembler des dizaines de milliers de personnes en un temps record, se souvient le journaliste Cyril Dépraz.

Selon lui, ce qui arrive à la radio Fahazavana est un « dramatique dégât collatéral » au changement de pouvoir et au lien qui unissait l'ancien président et l'Eglise réformée locale. Les violences récentes ont entraîné la mort d'un pasteur et conduit huit autres à se cacher.

INFOS

Le nom de l'Eglise réformée malgache est traduite en français par « Eglise de Jésus-Christ à Madagascar ». L'acronyme FJKM fait référence à son nom malgache.