Votations sur les minarets: liberté de croyance menacée

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Votations sur les minarets: liberté de croyance menacée

30 novembre 2009
Le Conseil suisse des religions, la Fédération des Églises protestantes de Suisse (FEPS) et la Conférences des évêques suisses s'inquiètent pour la cohésion sociale et l'intégration des musulmans en Suisse après le vote dimanche interdisant la construction de minarets. Ce vote dicté par la peur peut menacer la liberté de croyance, estime l'Eglise réformée vaudoise.


Pour le Conseil suisse des religions (CSR), le oui à l’initiative anti-minarets manifeste une incertitude largement répandue dans la population. Les efforts en matière d’intégration doivent être renforcés de toutes parts. Le CSR s’engage pour des mesures concrètes.

Le Conseil suisse des religions regrette la décision des Suisses, qui ne résout aucun problème. Ce vote ne doit toutefois pas être instrumentalisé et considéré comme une attitude anti-islamique. Le respect des libertés fondamentales, le dialogue avec la population musulmane et la voie de l’intégration sont les pistes privilégiées par le CSR. L’interdiction des minarets nuit à la cohésion sociale
L’interdiction des minarets ne résout aucun problème, estime de son côté la FEPS. Au contraire, elle en crée de nouveaux. La FEPS considère l'issue de la votation comme une atteinte aux libertés fondamentales. « Il est inadmissible que des minorités religieuses doivent maintenant s’attendre à une inégalité de traitement », estime Thomas Wipf, président du Conseil de la FEPS.

Le respect mutuel est une condition essentielle au dialogue et à l’intégration. Thomas Wipf poursuit: « Pour les Églises protestantes, il s’agit de se confronter sérieusement à cette question, et non d’un combat des cultures ».

Les Églises protestantes prennent toutefois au sérieux les craintes d'une partie de la population. Les communautés religieuses se voient désormais sollicitées pour apporter leur contribution à une cohabitation pacifique. Les Églises protestantes appellent par conséquent les musulmans à donner plus de transparence à leurs organisations et à participer activement à la vie communautaire de la société dans le cadre de l'État de droit.
L'Eglise réformée vaudoise consternée

 

Le oui à l'initiative donne à penser que les choix des Suisses sont dictés par la peur, s'inquiète le conseil synodal de l'Eglise protestante vaudoise. Celle-ci va intensifier son engagement en matière de dialogue interreligieux afin en se référant à la Constitution suisse qui «garantit la liberté de conscience et de croyance».

Pour l'Eglise vaudoise, la multiculturalité et la diversité religieuse de la Suisse sont une chance bien plus qu’une menace. Elle réaffirme son ouverture fraternelle à tous les musulmans de Suisse.

Le Conseil synodal s’inquiète de plus des conséquences possibles de ce scrutin. Par cette loi d’exception, la liberté de croyance est clairement menacée; à terme, les Eglises pourraient l’être aussi. Le Conseil synodal combattra toute initiative qui profiterait de cette brèche.

Pas une aide à l'étranger
Chez les catholiques, la conférence des évêques suisses considère que  la décision du peuple représente un obstacle sur le chemin de l’intégration. L’interdiction de la construction de minarets ne contribue pas à une saine cohabitation des religions et des cultures, mais au contraire la détériore.

Les prêtres de l’Eglise catholique ont rappelé avant le vote que l’interdiction de la construction de minarets ne servira pas les chrétiens persécutés dans des pays islamiques, mais qu’elle détériore la crédibilité de leur engagement dans ces pays. (tb)