Un si grand désir de sens

Camille Andres / ©Max Idje
i
Camille Andres
©Max Idje

Un si grand désir de sens

Edito
Pour ce numéro, je me suis mise dans les chaussures de personnes en quête de sens. Comme beaucoup d’entre elles, je suis partie ailleurs...

Pour ce numéro, je me suis mise dans les chaussures de personnes en quête de sens. Comme beaucoup d’entre elles, je suis partie ailleurs – dans un monastère, en France, où le public suisse est nombreux –, et je me suis laissé dépayser, déplacer, par une autre tradition, à savoir le christianisme monastique catholique. Le voyage a été fructueux. D’abord parce que j’ai découvert la force du silence. Pour moi, le protestantisme, c’est le débat, les échanges, les liens. L’époque est à la parole libérée, à la lutte contre la «silenciation», aux stand-ups, podcasts, témoignages et récits de soi. On n’a jamais autant parlé! Or il se vit tellement de choses aussi dans le silence… La liturgie monastique nourrit le recentrage et la disponibilité intérieure.

Trois aspects m’ont aussi interpellée: d’abord le malaise des personnes rencontrées face au consumérisme, à la productivité, mais aussi à l’accélération qui caractérise nos sociétés. Puis la soif généralisée de sens et le refus de plus en plus affirmé, quels que soient l’âge ou la catégorie sociale, de vivre une vie de famille ou professionnelle qui ne corresponde pas avec ses convictions. Enfin la grande part de «recommançants» parmi les personnes chrétiennes présentes: notamment des hommes qui, entre 40 et 70 ans, relisent leur vie, redécouvrent les richesses de leurs racines chrétiennes. Ce besoin d’alignement, de reconnexion est une bonne nouvelle, du pain bénit même pour nos Eglises. Car une fois rentré d’une retraite, on n’a qu’une seule envie: poursuivre le chemin entamé! Ces quêteurs et quêteuses de sens offrent une belle source de renouveau pour nos communautés.