Et si nous pouvions nous décharger du surplus?

Si l’homme jeûne, c’est avant tout pour bénéficier du travail naturel de régénération cellulaire et d’un processus d’élimination des déchets; tant sur le plan physique que psychique. Car le jeûne est devenu porteur de solutions aux maux contemporains et au développement spectaculaire des maladies chroniques.

Pour autant, réduire le jeûne à une simple occasion de remettre les compteurs à zéro est prendre le risque de passer à côté d’une opportunité d’accéder à notre intériorité, à retrouver des ressources enfouies et à trouver la place que nous occupons dans le monde.

N’en reste pas moins les peurs face à l’arrêt de l’alimentation. Des peurs tout à fait légitimes! Peur de manquer, peur de l’inconnu, peur de se confronter à quelque chose qui nous dépasse! Tant de mises à l’épreuve apportées par le jeûne! Car jeûner, c’est comme mourir à soi-même; accepter de tout abandonner dans un long expire.

Et si nous pouvions transformer notre regard sur notre vie et voir la vraie beauté?

Le jeûne dérange, car il nous bouscule dans notre recherche permanente de confort. Même un jeûneur expérimenté n’est pas à l’abri de résistances! Rompre avec nos habitudes est un effort particulier: celui de choisir courageusement de traverser un éventuel mal-être qui découle de ce travail corporel intérieur.

Or il est le chemin vers une plus grande liberté intérieure. La pensée se réapproprie de la souplesse cognitive, les idées sont plus justes, décentrées de l’ego et orientées vers le haut plutôt que le bas. Les besoins essentiels se simplifient. De nouveaux horizons s’ouvrent. Pour être guidé dans cette démarche, le canal privilégié est celui de la prière, celui d’un enseignement si possible spirituel. Le passage de l’immanence à la transcendance est fondamental, car il traduit une conversion de la personne qui reconnaît que quelque chose de plus grand préexiste à sa vie.

Le jeûne est une opportunité extraordinaire pour réapprendre à vivre le temps présent: à être ému de la beauté d’un paysage, se rendre compte de l’effacement subit d’une douleur chronique, mesurer la profondeur d’un échange au cours d’une promenade, ressentir la qualité d’un moment de silence.

Le jeûneur fait l’expérience d’un repos global de sa personne, corps, âme et esprit. Il est dans une action de grâce, car il sait qu’il n’y est pour rien dans cette transformation. Il a seulement acquiescé à une proposition de repos, à une confiance accordée au principe vital qui l’anime, à une disponibilité pleine et entière pour le respect du vivant autour de soi.

Et si nous prenions le temps d’aimer notre vie?

Le jeûne que je pratique maintenant depuis quinze ans repose sur la conviction intime et profonde que nous pouvons être les acteurs de notre vie, que nous pouvons appréhender notre existence avec une clarté renouvelée et recevoir un surcroît de joies pour avancer avec confiance dans le sens d’une vie pleine et entière qui donne autant qu’elle reçoit.