Dès l’aube de l’humanité, les diverses spiritualités ont demandé à des personnes d’être à l’écoute des signes, qu’ils soient naturels, astrologiques ou religieux. A la recherche du sens, elles sont devenues des autorités plus ou moins bienveillantes, des garantes des repères et des valeurs communautaires. Dès la fin du XVIIIe siècle, l’humanisme a médicalisé une écoute basée sur l’étude clinique de ceux que l’on appelait encore des aliénés, avant de développer la psychiatrie dès la fin du XIXe, puis la psychologie au XXe. La psychiatrie étudiant plutôt les maladies mentales, c’est plus la psychologie qui a été mise en concurrence avec l’accompagnement spirituel, encore accentué par la perte des valeurs religieuses en Occident.

L’écoute spirituelle est un accompagnement basé sur une anthropologie biblique et christocentrée, augmentée des connaissances et outils psychologiques; elle est à l’écoute de l’Esprit saint et pratique la prière comme un moyen de communiquer avec Dieu. C’est une communion d’âmes non jugeante qui construit une relation sécurisante, empathique et bienveillante. Dans ce contexte, la personne écoutée peut être authentique et entendue, aimée de Dieu et libérée de ce qui peut l’entraver. «Si vous restez fidèles à mes paroles, vous serez vraiment mes disciples, vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres», Jean 8, 31-32.

L’OMS affirme que la santé mentale et la santé physique sont indissociables l’une de l’autre. Etre en bonne santé mentale permet de se sentir bien dans sa peau, de s’épanouir, d’agir et d’être en relation avec les autres. C’est également l’un des objectifs de l’écoute spirituelle: permettre à une personne d’aimer les autres et de s’aimer elle-même, d’aimer Dieu et de se laisser aimer par lui. De même que nous consultons un médecin pour un problème physique ou que nous voulons prévenir une maladie par des examens médicaux, nous pouvons aussi nous rendre dans un lieu d’écoute* pour déposer ce qui nous charge, être entendus dans ce qui nous inquiète ou soutenus dans notre prière.

Parfois des événements difficiles brisent notre élan et nous isolent des autres; la question qui se pose alors est souvent un «pourquoi?», parce qu’il faut donner du sens au deuil et à la perte. Et c’est là que l’écoute spirituelle est importante: parce qu’elle permet de passer du pourquoi au «vers quoi»; le Seigneur veut nous libérer de ce qui nous enchaîne au passé, il désire que nous soyons libres dans notre présent et notre avenir. Les brisures de vie peuvent être doublement douloureuses, car en plus de la perte, c’est la santé mentale qui est atteinte et provoque de multiples conséquences.

En conclusion, ne restez pas seul·e avec vos difficultés et prenez soin de vous: la parole est libératrice quand elle est partagée, écoutée et priée; «Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, car je suis doux et humble de cœur; et vous trouverez du repos pour vos âmes. Car mon joug est doux, et mon fardeau léger», Matthieu 11, 29-30.