Plus de 31'000 petits bateaux en papier, symbolisant autant de personnes disparues dans la mer Méditerranée en tentant de rejoindre l’Europe depuis 2014, seront installés du 11 au 20 juin sur le sol du temple de la Madeleine dans le cadre du projet «Et vogue la galère». Ce déversement de bateaux formera une grande vague, un envahissement visant à témoigner visuellement du drame des réfugié·es. Cette exposition a déjà été présentée, en juin dernier, à la cathédrale de Lausanne.

«Le cumul rendra le message fort. Derrière chaque embarcation, il y a un innocent, un nom, un visage, un destin, une vie et une mort. L’objectif de cette exposition est à la fois de rendre hommage à toutes les personnes disparues en mer et de ne pas oublier que cela arrive encore tous les jours», explique Silvia Fiorini, coordinatrice de l’Espace Madeleine. Les bénévoles du lieu proposeront aux visiteurs et aux visiteuses de confectionner des bateaux supplémentaires afin de représenter les personnes disparues depuis 2014.

Le dernier décompte de l’ONG United Against Refugee Deaths se monte à 52'760 disparu·es. «L’année 2023 a été la plus meurtrière depuis le début de ce décompte, il y a trente ans. Ce chiffre est, de plus, sous-estimé et ne tient bien sûr pas compte des personnes disparues notamment dans les déserts», précise Alexandre Winter, aumônier à l’Aumônerie genevoise œcuménique auprès des requérants d’asile et des réfugiés (AGORA). Cette exposition est le fruit d’une collaboration avec l’AGORA et les associations Nela – sur une proposition de Valérie Despont – et Appartenances-Genève.

Les différents partenaires ont également mis sur pied une soirée de témoignages, le vendredi 14 juin, avec notamment les interventions d’un jeune réfugié, d’une famille d’accueil et d’une psychothérapeute. «Nous souhaitons sensibiliser des personnes afin qu’elles deviennent des familles relais pour des mineurs et de jeunes majeurs qui ont survécu. Ils sont souvent isolés. Or, ils ont besoin d’ancrage, de références et de passeurs de code pour se reconstruire afin de trouver leur place et de s’intégrer dans notre société», explique Béatrice Faidutti Lueber, directrice d’Appartenances-Genève.

A l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés, l’action «Les nommer par leur nom» prendra possession du parvis du temple les samedi 15 et dimanche 16 juin pour la lecture des noms des personnes disparues en Méditerranée et des circonstances de leur décès (voir l'article Faire mémoire des personnes décédées sur les chemins de l’exil). Chacun et chacune peut s’inscrire pour une tranche de 15 minutes de lecture.