L’apprenti fermier

L’apprenti fermier / © Mathieu Paillard
i
L’apprenti fermier
© Mathieu Paillard

L’apprenti fermier

Rodolphe Nozière
29 novembre 2023
Conte
Il était une fois un bûcheron elfe et son fils Mout. Ils vivaient humblement dans leur maison, proche de la forêt.

Mout, comble de malchance, était né avec les cheveux blancs, qu’il dissimulait sous un épais bonnet. Et malgré les moqueries des autres enfants elfes, il était toujours de bonne humeur et généreux.

Un soir d’hiver, quelqu’un vint frapper à la porte de leur maison. Le bûcheron ouvrit la porte. Devant lui se dressait un grand homme emmitouflé dans une grande cape noire ne laissant apparaître qu’une immense barbe et une épaisse moustache blanches. Il n’inspirait pas vraiment confiance.

Cet étrange bonhomme cherchait un apprenti pour la saison hivernale: il y aurait beaucoup de travail, mais à son retour au printemps il serait bien payé. Mout accepta, bien qu’il ne fût pas trop rassuré.

Ainsi, l’étrange bonhomme emmena son nouvel apprenti dans la nuit de l’hiver, loin du village, au-delà d’une épaisse forêt. Après trois jours de marche, ils arrivèrent enfin dans une ferme.

Mout devait s’occuper des quelques vaches le matin, d’un troupeau de rennes à midi, et couper du bois en forêt chaque après-midi jusqu’à la tombée de la nuit. Il effectua ces tâches avec sérieux durant plusieurs semaines.

Un après-midi, pendant qu’il coupait du bois, il entendit des cris perçants dans la forêt. Il découvrit un oiseau pris dans un filet : il ressemblait à un aigle, mais possédait une longue queue de plumes multicolores, comme un paon. Bien que l’oiseau tentât de le griffer, Mout parvint à le délivrer, puis le regarda s’envoler, heureux d’avoir pu aider cette créature.

Au printemps, l’étrange bonhomme barbu appela Mout pour lui dire qu’il pouvait rentrer chez lui: son apprentissage était terminé. Avant de partir, il lui demanda de le saluer une dernière fois, mais en retirant son bonnet. Mout hésita. Il n’aimait pas montrer ses cheveux blancs. Au moment où le bonnet fut ôté, Mout découvrit que ses cheveux étaient devenus brillants comme l’éclat de la lune sur la neige et que, sous son bonnet, se cachait une couronne d’or, récompense de son travail.

De retour à la maison, Mout fit la joie de son père.

Quelques années plus tard, un soir d’hiver, le même étrange bonhomme revint frapper à la porte de la maison du bûcheron. Il était devenu très vieux. Il venait de nouveau chercher un apprenti, pour des tâches sans doute plus difficiles et plus nombreuses, et cette fois pour plusieurs années. Mout, bien que largement récompensé, repartit de nouveau loin de sa maison pour assurer à son père une vieillesse loin de la pauvreté.

A la ferme, il eut beaucoup à faire: s’occuper de troupeaux de rennes et de vaches plus nombreux, couper du bois et apprendre à en faire des objets ou des jouets.

Après quelques années, le vieux bonhomme indiqua à son apprenti qu’il allait lui donner sa récompense.

«Cette fois, Mout, c’est à moi d’ôter ma cape!» Sous la cape noire se cachait un costume rouge et blanc: c’était le Père Noël!

«Mout, dit-il, tu as été mon apprenti de longues années et tu as toujours fait preuve de bonté et de compassion, tant avec ton père, avec mes animaux, qu’avec ce grand oiseau de la forêt. Je te nomme responsable de ma ferme et de mes ateliers, et commandant de tous les lutins de Noël.»