Une effroyable déshumanisation
Comment une nation peut-elle se lever contre une autre? Comment un groupuscule peut-il en arriver à vouloir en exterminer un autre? La guerre fait-elle partie de la nature humaine?
Le dossier de ce mois vous invite à vous interroger: pourquoi la guerre? Plusieurs pistes sont évoquées: peur, avidité, prestige… mais surtout le bénéfce que tirent certains chefs de guerre du malheur du plus grand nombre ou de la propagande amenant à diaboliser l’autre. «Les guerres, ce sont des gens qui ne se connaissent pas et qui s’entre-tuent parce que d’autres gens qui se connaissent très bien ne parviennent pas à se mettre d’accord», écrivait Paul Valéry dans ses Cahiers.
Lorsque «l’autre» remplace le frère ou la sœur en humanité, on laisse libre champ à cette pulsion de mort dénoncée par Freud dans sa correspondance avec Einstein: «L’être animé protège pour ainsi dire sa propre existence en détruisant l’élément étranger.»
Prendre ses distances, renoncer à se connaître, voire s’opposer, sont autant de façons de ne plus voir en l’autre un semblable. La guerre ne se joue, en effet, pas seulement au niveau collectif, mais aussi individuel. Chacun, chacune a son rôle à jouer en s’engageant pour des valeurs telles que la démocratie, l’équité, la fraternité, et en luttant contre les préjugés. En s’engageant pour laisser une place à la différence dans une société qui peine si souvent à l’accepter.