A Genève, des élèves artisan·e·s de leur savoir

A Genève, des élèves artisan·e·s de leur savoir / ©CA
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A Genève, des élèves artisan·e·s de leur savoir
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A Genève, des élèves artisan·e·s de leur savoir

Sherlock Holmes
Dans la très laïque ville de Calvin, les cours de fait religieux sont inclus aux leçons d’histoire. Reportage en juin, au cycle d’orientation du quartier de la Gradelle.

A peine assis, leur manuel tout juste dégainé – une brochure d’une vingtaine de pages très illustrée – les 19 élèves de David Garcia sont bombardés de questions: «Quels pays voyez-vous sur la carte de votre manuel? Qu’y constatez-vous?» Comme des détectives, les voilà qui repèrent le Nord-Est de l’Inde, situent – à peu près – le Népal, et découvrent une région traversée de grands fleuves, qu’ils associent facilement à l’agriculture et au commerce. «Et à quoi sert le fleuve, chez les Egyptiens, les Grecs, jeunes gens?» En quelques touches rapides, des rappels fondamentaux sont posés, et le cours bascule de l’histoire au fait religieux.

Sujet du jour: le bouddhisme, jamais abordé avec ces ados de 13 ou 14 ans. Temps dédié pour transmettre les fondamentaux: 45 minutes. Une gageure d’autant plus que le support d’enseignement est récent. Mais David Garcia, enseignant d’histoire – 20 ans de métier et toujours une passion sincère pour son job – sait où il va.

Sonder les savoirs, capitaliser sur les acquis

Une fois les lieux situés, il s’agit de sonder les connaissances de sa troupe: «Que savez-vous du bouddhisme?» Pointues, farfelues ou maladroites, les réponses fusent, les élèves sont en confiance. David Garcia capitalise sur les interventions à côté de la plaque pour consolider des acquis précédents. Un jeune imagine Bouddha comme «un prophète»? L’enseignant revient sur ce terme, désignant «un personnage qui reçoit des informations de Dieu et les transmet à la population. Comme un smartphone!» Et de leur rappeler l’ange Gabriel. Hochements de tête dans la salle, on est en terrain connu.

Pour le bouddhisme, par contre, c’est encore le flou. «Il n’y a pas une histoire de réincarnation?», s’interroge vaguement un jeune au premier rang. S’appuyant toujours sur les repères de ses élèves, David Garcia construit quelques bases simples: le bouddhisme n’est pas lié à un dieu, peut être vu comme une religion ou une philosophie, est apparu dans une Inde polythéiste, «comme chez les Grecs et les Romains», compte des moines, «ce qui peut contribuer à le classer du côté des religions», etc.

«Comprendre la vie»

Cœur de la séance: comprendre le message clé du bouddhisme. «Savez-vous ce que Bouddha veut dire? L’éveil. Et c’est quoi l’éveil?» Noyée au milieu du cours, la question peut sembler anodine. On touche là pourtant au cœur de la spiritualité. «C’est la mort?», se demande l’un. «C’est quand on comprend la vie», répond une jeune fille. «Oui, c’est ça. Quand on comprend le restant de sa vie», complète David Garcia, racontant l’histoire de Siddhartha Gautama, ce jeune prince adolescent passé par les excès puis l’ascèse avant de comprendre que «les extrêmes, c’est pas bon» et de se tourner vers «la voie du milieu».

Le cours se termine sur une vidéo tournée au Musée d’Ethnographie de Genève qui consolide les informations tout juste intégrées et ouvre de nouvelles problématiques, comme celle de la transmission écrite et orale.

Bilan des courses: les jeunes détectives ont accroché sur l’histoire de ce prince «qui a sacrifié son corps pour comprendre la vie», mais n’ont pas encore tranché sur la question «religion ou philosophie». Heureusement, sur les huit heures d’enseignement du fait religieux prévues cette année, une seconde séance leur permettra d’approfondir ce sujet.