Télétravail: quels bons réflexes adopter?
bonnes pratiques en la matière, alors que le droit à la déconnexion n’est pas garanti.
«En entame de chaque visioconférence d’équipe, nous prenons cinq à dix minutes d’échanges pour s’écouter et se parler», raconte Sonya Ramsbacher, assistante auprès de l’Office protestant de formation (OPF). «Une collègue nous dira ainsi: ‹j’ai du mal à lire mes e-mails aujourd’hui, je suis débordée, ne vous inquiétez pas si une réponse n’arrive pas›.» Quelques mots cruciaux pour mettre de l’huile dans les rouages.
Le manque d’interactions personnelles avec des collègues et des clients est en effet le principal défi pour les personnes en télétravail, selon une étude parue au printemps dernier. Si travailler depuis chez soi permet de concilier vie personnelle et professionnelle, un an de cette pratique généralisée et forcée en montre les limites : risque de connexion permanente, abolition imperceptible des frontières entre vie privée et vie professionnelle, mais aussi réelle fatigue physique due à l’enchaînement des réunions sur écran et aux incompréhensions croissantes dues à une communication complexifiée. Au-delà des classiques conseils de sécurité (disposer d’un lieu réservé au travail, de matériel adapté, s’offrir des pauses), plusieurs nouveaux standards s’imposent.
Communiquer à échéances fixes
Du côté des équipes d’abord, une toute nouvelle autogestion émerge. Elle est possible «uniquement s’il existe une confiance de la part de l’entreprise et de ses dirigeants», explique Albrecht Knoch, pasteur et membre du réseau chrétien CALL (Church Action on Labour and Life – Action des Églises sur le travail et la vie). Concrètement, cela signifie planifier une séance en ligne hebdomadaire, bihebdomadaire, ou un quart d’heure quotidien, selon les besoins. «Chacun y donne sa to-do list et peut dire ‹stop› s’il est trop chargé», résume le pasteur. L’Office protestant de la formation souligne l’importance de cette communication explicite, claire et régulière.
Discuter des outils choisis
Pour remplacer les innombrables micro-échanges ayant lieu au bureau, plusieurs palliatifs numériques existent: appels, messages WhatsApp, groupes de discussion Slack, e-mails, chats… Autant d’outils qui impliquent une nouvelle culture et donc de nouveaux codes qui doivent à tout prix être clarifiés, pointe Albrecht Knoch. «Il faut savoir quels moyens on utilise, et à quelles fins. Dans certaines entreprises, les e-mails de plus de 10 lignes sont prohibés et l’on favorisera le téléphone pour les longs échanges. Dans d’autres contextes, c’est tout l’inverse! Avant d’adopter ou d’imposer un outil, il vaut la peine d’avoir une conversation sur son utilisation et ses limites.» Ainsi, à l’OPF, les messages WhatsApp ne sont utilisés qu’en cas de décision de dernière minute, pour modifier l’horaire d’une réunion, par exemple. Et aucune réponse à un e-mail n’est attendue d’un employé après 17h30.
Respecter le cadre horaire
Le droit à la déconnexion, soit «pour un travailleur, de ne pas devoir répondre à des sollicitations professionnelles en dehors de son temps de travail, par e-mail, par téléphone, etc.», n’est pas encore officiellement inscrit dans le droit suisse. Une motion en ce sens, déposée au Conseil fédéral, a été classée en 2019. Mais pour Jean Tschopp, député socialiste au Grand Conseil vaudois et ardent défenseur du principe, le sujet devrait être approfondi: «C’est précisément parce que nous sommes en permanence connectés qu’il faut concevoir des outils qui permettent de ne pas répondre en tout temps à des sollicitations professionnelles et de thématiser le sujet en entreprise.» «Le défi est structurel. Il faut que cette possibilité de couper soit garantie par l’entreprise, et non que la décision de se déconnecter repose sur les seules épaules de l’individu», appuie Albrecht Knoch, citant l’exemple d’un groupe automobile allemand qui est allé jusqu’à instaurer un système effaçant les e-mails envoyés par les employé·e·s durant le week-end. En l’absence de mesures structurelles, le principal rempart actuel à l’effacement des frontières entre vie professionnelle et vie privée reste… le suivi attentif du système d’enregistrement des heures de travail des employés.
En chiffres
48 % des actifs Suisses ont pratiqué le télétravail au coeur de la crise sanitaire, contre 24,5 % de la population active en 2019.
(Source: Deloitte, OFS)