Restaurer la confiance, l’affaire de tous
«Avec l’affaire Volkswagen ou la question de l’indemnisation des victimes de l’amiante ou encore les agissements du conseiller d’État genevois, Pierre Maudet, la société vit une perte de confiance», lâche Barbara Hintermann, secrétaire générale d’Initiatives et Changement Suisse. Créée au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, cette fondation anciennement appelée «Réarmement moral» promeut la responsabilité individuelle dans les processus de paix et de réconciliation. Elle a notamment permis, dans les années 1950, à des délégations allemande et française de se rencontrer ainsi qu’aux maires d’Hiroshima et de Nagasaki d’amorcer le processus de reconstruction pacifique du Japon.
Chaque été, elle organise un grand forum international au Palace de Caux, dans les hauts de Montreux. Pour l’édition 2019, il est question de «leadership éthique», de «gouvernance équitable» ou encore de «paix inclusive». Plus de 850 personnes venant des quatre coins du monde se retrouvent du 26 juin au 18 juillet dans le cadre d’ateliers et de conférences autour du thème de la restauration de la confiance. Une des particularités de cet événement tient dans la participation aux tâches communautaires de tous les acteurs présents, simples auditeurs comme orateurs reconnus. Par exemple, à Caux, on peut se retrouver à débarrasser les tables avec un Premier ministre. «Nous travaillons sur trois niveaux personnel, interpersonnel et systémique. Il s’agit de catalyser un changement global grâce à une prise de conscience individuelle», précise Barbara Hintermann. La fondation a développé plusieurs outils concrets. Notamment, le partage d’histoires personnelles face à un groupe ainsi que la réflexion silencieuse dans le but de se reconnecter et réfléchir à ses propres valeurs.
Un endroit neutre
Au-delà des conférences, le forum accueille également des représentants de communautés en conflit afin de leur offrir un endroit neutre pour dialoguer loin des projecteurs. «Cette année, des délégations venant d’Arménie et de Turquie, d’Ukraine et de Russie ainsi que du Zimbabwe, du Sud-Soudan, du Nigéria et de Syrie nous rejoindront. Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) sera aussi présent avec des représentants du Mali», ajoute la secrétaire générale.
Bien que discrète en Suisse, la fondation bénéficie d’un vaste réseau international. Ses objectifs, basés sur des valeurs universelles définies en 1938 par le pasteur luthérien Frank Buchmann, sont les mêmes depuis la création de l’organisation. Si les objectifs ne bougent pas, la nature des tensions a changé. «Il y a moins de conflits internationaux, mais davantage au sein des communautés. Par exemple, l’Europe a été reconstruite, mais elle doit faire face à de nouveaux problèmes. Une augmentation de la polarisation politique, la montée des extrémismes. Nous devons travailler sur la peur pour permettre l’accueil de l’autre», insiste Barbara Hintermann.