Que deviennent nos défunts selon les trois monothéismes?

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Que deviennent nos défunts selon les trois monothéismes?
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Que deviennent nos défunts selon les trois monothéismes?

À l'occasion de la Toussaint, un rabbin, un spécialiste de l'islam et une théologienne et pasteur réformée racontent la perception de l'au-delà dans leurs traditions respectives.

SELON L’ISLAM

Wissam Halawi, spécialiste de l’islam à l’Unil

«En islam, "Dieu rend la vie aux morts" (C. 2,73) lorsqu’Il ressuscite Sa création (C. 29, 20) afin de la juger. Cette conception fait endosser aux défunts la responsabilité de l’œuvre accomplie ici-bas. Soustrait à la vie d’ici-bas, le mort continue à vivre dans l’au-delà en attendant sa résurrection le jour du Jugement. Durant cette période intermédiaire, l’islam incite les vivants à prier pour lui et à visiter son tombeau dans le but d’implorer la Miséricorde de Dieu. Toute glorification du défunt est cependant prohibée, d’où l’interdiction absolue des lamentations durant les enterrements comme sur les tombes. La miséricorde divine et les actions du vivant déterminent à elles seules quoi de la félicité éternelle ou du perpétuel châtiment sera composée la vie dans l’au-delà de la personne. Quant au rapport avec les vivants, les croyances et pratiques sont extrêmement hétérogènes. Mais nombreux sont les musulmans qui entament un dialogue avec les défunts – notamment les saints–, les interpellent pour leur demander de l’aide; les morts en retour les observent, veillent sur eux et leur portent secours.»

 

SELON LE JUDAÏSME

Eliezer Shai Di Martino, rabbin de la Communauté israélite de Lausanne et du canton de Vaud

«L’interprétation du judaïsme orthodoxe est qu’après la mort, l’âme de la personne retourne à la source des âmes et, selon ses bonnes actions et le degré de sagesse acquis au cours de sa vie, elle sera plus ou moins proche de Dieu. Son bonheur dépend précisément de cette proximité.

La résurrection des morts est un principe de foi du judaïsme, mais celle-ci n’interviendra que lorsque le Messie arrivera pour l’avènement d’un monde de paix absolue. À ce moment-là cependant, seuls les Justes ressusciteront. En attendant ces temps messianiques, les défunts restent morts et, selon le judaïsme, les vivants ne peuvent pas être en relation avec les défunts. C’est même une interdiction biblique que de demander des choses ou de prier les morts.

De leurs côtés, les Kabalistes, les mystiques et la minorité hassidique, que l’on reconnaît à ses chapeaux noirs et boucles de cheveux, croit en la réincarnation. L’âme se réincarne pour combler ce qu’elle n’a pas pu faire pendant sa vie sur terre.» 

 

SELON LE CHRISTIANISME

Nathalie Monot-Senn, théologienne réformée et pasteure

«La Bible nous parle du Royaume du ciel – les orthodoxes parlent même de "naître au ciel". Dans ma foi, dans mon espérance, je crois en la résurrection, même si je ne sais pas vraiment quand ni comment cela a lieu. J’y crois et, en tant que pasteure, cela me permet d’accompagner des personnes en fin de vie. Le questionnement autour de la perte peut alors se vivre dans une sorte de confiance, plus dans la crainte mais dans l’idée d’une autre vie à venir. Selon moi, le Dieu du christianisme veut notre bien et veut pour nous la Vie : d’où je crois que la foi protestante n’incite pas à prier pour les morts. En Christ, Dieu est venu sur la terre à Noël et a donné sa vie pour nous à Pâques – et il nous attend et nous accueille dans un royaume de lumière, de paix et d’amour parfait. La Bible ne donne pas davantage d’informations sur l’au-delà. Mais je crois que l’essentiel est donné.»