Vivre la complémentarité des dons en communauté
Oser penser différemment le rapport à son activité: témoignages
- Vivre la complémentarité des dons en communauté
- «Utiliser mes compétences, et que cela ait du sens»
- Ralentir et préserver la joie
«Je n’ai jamais été une combattante. Je n’ai jamais été en recherche de toujours plus de performance! Cela fait partie de mon éducation. J’ai toujours été très satisfaite de ce que j’ai reçu et je ne suis pas particulièrement envieuse», annonce avec philosophie sœur Marie-Madeleine de Saint-Loup. «Par exemple, dans la musique, j’ai commencé très tard à jouer de l’orgue. Je me disais bien qu’à 52 ans je n’allais pas pouvoir réaliser des prouesses, mais j’ai donné tout ce que je pouvais», explique-t-elle. «Je fais au mieux, sans forcément chercher à me surpasser, sans vouloir absolument être au même niveau que les autres.»
Cette attitude a toujours fait partie de sa personnalité: «J’ai un tempérament plutôt réservé, par timidité ou peut-être aussi par manque de confiance et d’assurance. Mais j’ai appris en tant qu’infirmière à prendre des responsabilités, quelquefois à imposer ma façon de vivre, à régler des conflits tout en étant bienveillante et juste par rapport à la situation. Avoir de la compassion, de la bonne manière, savoir écouter ceux et celles avec qui nous partageons notre quotidien, savoir aussi transmettre notre joie d’être aimées de Dieu et de lui faire confiance dans tous les détails de notre vie.»
Une bénédiction pour vivre en communauté? «Je dirais que c’est comme dans les familles: la jalousie peut aussi s’interférer. Mais la vie communautaire nous fait évoluer. Je crois qu’on apprend les unes et les autres à se contenter de ce qu’on a reçu. C’est Dieu qui nous a donné tous ces dons: on est donc des compléments les unes des autres. Si l’une sait bien broder, d’autres savent dessiner, moi, je fais de la musique. Et tout cela, ça forme un tout.»
«Quand on sent que le Seigneur nous appelle à une vie communautaire, à une vie consacrée, il y a tout un chemin à faire pour réaliser que ce n’est pas son idée, mais vraiment quelque chose qui nous a été donné.» Malgré cela, sœur Marie-Madeleine reconnaît que le parcours comporte aussi quelques épreuves et quelques renoncements, dont celui de fonder une famille.
«Mais une fois qu’on a pu vraiment dire ‹oui, Seigneur, je t’obéis, je sais que c’est ma place ici›, alors on peut vraiment lâcher et on découvre une forme de liberté. Mais il faut y travailler tout au long de la vie: se rappeler que l’on est au service du Seigneur et d’une communauté.» Elle en veut pour preuve son propre parcours: «J’ai suivi l’école d’infirmières ici en tant que laïque. Et j’avais le sentiment que ma place était là, mais je n’en étais pas sûre. Cela s’est confirmé au cours de mes études. Ensuite, j’ai travaillé dans un hôpital d’enfants pendant 23 ans. Et je réalise que le Seigneur m’a énormément donné en me satisfaisant personnellement, mais aussi intérieurement.»