«Dieu a posé son regard sur moi»
Quel est le point commun entre Zermatt et le Sahara? Ce sont deux endroits que Dieu a choisis pour se révéler à moi et transformer ma vie d’une manière significative. Tout cela en quelques semaines.
Nous sommes en février 2008, j’ai alors tout juste 17 ans. Je profite de vacances à Zermatt. A ce moment-là, ma foi est discrète et hésitante. C’est la qualité des relations humaines vécues dans mon groupe de jeunes et dans les cultes jeunesse qui m’amène à rester dans le giron de l’Eglise. Mais voilà que je me suis réveillé un beau matin de février avec la plus étrange des idées en tête: et si je devenais pasteur? Une idée qui me paraît d’abord absurde. Je me dis qu’une bonne douche et un café bien serré suffiront à me remettre les idées en place.
Plusieurs semaines passent et, malgré tous mes efforts, il m’est impossible de me sortir ça de la tête. Cette idée de devenir pasteur, venue de nulle part, semble être absolument indéboulonnable. Je commence alors à imaginer l’impensable: et si cette idée ne venait pas de moi, mais de Dieu? Je me sens alors un peu comme Gédéon (Juges 6), lui le plus petit de la plus petite tribu, choisi par Dieu. Sa réponse a été en substance: «C’est une mauvaise blague!»
Lorsque je me décide enfin à en parler à un pasteur, je m’attends à ce qu’il éclate de rire. Il ne le fait pas, mais il a l’air étonné. Il me demande: «Tu te sens appelé à ça?» Je ne savais pas que Dieu pouvait appeler des gens à faire quelque chose, première nouvelle! Et pourtant, oui, sur les pistes enneigées du Valais, Dieu a semé quelque chose en moi qui, comme la graine de moutarde de la parabole (Matthieu 13), n’allait pas tarder à s’enraciner au plus profond de mon être et pousser, pousser toujours plus.
Ce pasteur m’encourage alors à partir en retraite spirituelle dans le désert. Quand l’annonce avait été faite quelques mois auparavant, je n’avais pas été enthousiasmé à l’idée de passer mes vacances de Pâques dans le désert à méditer des textes bibliques. Je ne m’étais donc pas inscrit. Dix jours plus tard, me voilà pourtant dans un avion, direction le Sahara, où, je m’apprête à le découvrir, Dieu m’avait fixé un deuxième rendez-vous.
C’est l’aube de Pâques et notre petit groupe est réuni au sommet d’une dune. C’est là que quelque chose au plus profond de moi se débloque et que je prends conscience d’une réalité bouleversante: Dieu pose son regard sur moi. Ce qu’il a accompli en Jésus-Christ, c’est aussi en pensant à moi, et à chacun de ces amis autour de moi. Les jours précédents, nous avons étudié l’épître aux Romains. Dans mon calepin, j’ai mis en évidence ces versets: «Oui, j’en suis sûr, rien ne pourra nous séparer de l’amour que Dieu nous a montré dans le Christ Jésus, notre Seigneur. Ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les esprits, ni le présent, ni l’avenir, ni tous ceux qui ont un pouvoir, ni les forces d’en haut, ni les forces d’en bas, ni toutes choses créées, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu.» (Romains 8, 38-39.)
Côté privé
Philippe Golaz habite Meyrin, où il est pasteur depuis 2018, avec son épouse et leurs deux filles. La dimension fortement œcuménique de son ministère le passionne et le porte.