Philippe Paroz: le plaisir de l'engagement utile

Philippe Paroz, scientifique et président du Conseil du Synode jurassien. / © P. Bohrer
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Philippe Paroz, scientifique et président du Conseil du Synode jurassien.
© P. Bohrer

Philippe Paroz: le plaisir de l'engagement utile

Simplicité
Le président du Conseil du Synode jurassien (CSJ) est un scientifique brillant qui fuit la futilité. Rencontre avec un homme animé par les valeurs de tolérance et d’amour du prochain.

Assis à la longue table du Conseil du Synode jurassien (CSJ), installée au rez-de-chaussée de sa grande demeure nichée à Péry dans le Jura bernois, à quelques encablures de Bienne, Philippe Paroz se raconte entre franchise décontractée et simplicité. A 71 ans, il est de cette génération qui s’expose modestement bien que son parcours soit édifiant. Une génération qui porte encore en elle «les valeurs de l’amour du travail bien fait, du respect du prochain, de l’honnêteté et de la sincérité». Ne croyez pas pour autant qu’il fonctionne en ancien: Philippe Paroz vogue avec son temps, toujours un pas en avant.

Philippe Paroz naît à Bienne. Le père est membre du conseil de paroisse, expert-comptable et sportif passionné. La mère est au foyer, «une vraie maman, dévouée à ses deux enfants». Leur fils découvre les vacances familiales dans les Alpes et s’enthousiasme pour cette nature vertigineuse. 

Si tu veux aller vite, vas-y seul. Si tu veux aller loin, vas-y en équipe.

Sa force d’alors: «une insatiable curiosité devant chaque plante, fleur minuscule, les roches millénaires». C’est sans surprise qu’il débute ses études en botanique puis découvre et se passionne pour la microbiologie. Ses années de jeunesse s’accomplissent dans les sports: l’alpinisme, le ski, l’aviron sur le lac avec papa, le tennis, la plongée et les sports d’équipe. «Si tu veux aller vite, vas-y seul. Si tu veux aller loin, vas-y en équipe»: une devise qui le poursuit dans tous les aspects de sa vie.

On est peu de chose!

Le voilà en 1971 étudiant en microbiologie à l’Université de Berne, puis faisant son doctorat en 1978. «Des années fascinantes, nous voguions de découverte en découverte.» Peut-être parce qu’il a dédié 40 ans de sa vie à la science, s’est spécialisé dans les vaccins, a cumulé des postes à grandes responsabilités, qu’il était membre du comité de la commission interdisciplinaire suisse pour la sécurité en biotechnologie, de la commission suisse de thérapie génique et de la prestigieuse Académie des Sciences de New York, l’homme semble n’avoir pas l’arrogance de certains grands pontes. Il dit: «J’ai passé ma vie à essayer de percer les secrets de la vie. Je m’émerveille toujours autant et me rends compte d’une probable force derrière tous ces mystères. Certains secrets le demeureront même si la science avance à vitesse grand V. Ça nous rend humble, on est peu de chose.» Une vraie leçon d’humilité!

Alors, il accélère encore le débit de sa parole, cale sa main sur la table cirée et repositionne son regard bleu au loin, souriant. «J’ai beaucoup voyagé.» Il énumère: «Vingt-trois voyages en Russie, vingt-quatre en Corée du Sud, huit à Taïwan, Hong Kong, un nombre incalculable, Inde, Chine, Brésil, Argentine, Canada, Arabie saoudite, Turquie et je ne compte plus mes voyages aux USA et en Europe… Des périodes où je voyageais chaque semaine dans le cadre de mes activités.» Et de poursuivre: «J’ai rencontré des gens merveilleux, une hospitalité hors du commun.» Sourire encore. «A l’étranger, je redécouvre des valeurs endormies ou submergées en Suisse par nos envies parfois trop matérielles.» Un temps. Son regard attend l’acquiescement. «Les voyages me permettent de réajuster mes propres valeurs

Guidé par ses valeurs

Et justement, où se placent ses valeurs? Dans la famille? «J’entretiens des liens étroits avec ma fille, mes deux fils, et mes quatre petits-enfants. Mon épouse qui a élevé nos enfants est décédée il y a douze ans.» D’ailleurs, ce matin, deux des petits-enfants sont là, joueurs et discrets. «Je m’occupe d’eux dès que je peux.» Et dans l’Eglise? «Depuis 2012, je suis président du Conseil du Synode jurassien (CSJ) après avoir assumé 20 ans la présidence du conseil de paroisse de Péry-La Heutte.» Et de poursuivre: «J’ai toujours aimé dans l’Eglise ces valeurs auxquelles je crois, inculquées par mes parents, l’amour du prochain et la tolérance.» Philippe Paroz a une autre corde à son arc-en-ciel. Son «plaisir d’être utile». C’est un capitaine de gros navires. Au conseil d’administration de l’hôpital régional, aux services de sauvetage des ambulances, dans les homes. «Un de mes points faibles: je ne sais pas dire non. Si je peux rendre service, si je peux obtenir une valeur ajoutée, je me lance.» En éternel optimiste enthousiaste, il reconnaît qu’«une fois que l’on a eu la bonne fortune de découvrir le monde comme j’ai pu le faire, on finit par attacher moins d’importance aux futilités».

Bio express

1947 Naissance à Bienne (BE).

1971–1978 Etudes en microbiologie à l’Université de Berne.

1978 Doctorat en microbiologie.

1979 Chercheur à l’Institut de bactériologie à l’Université de Berne.

1981–1986 Office fédéral de la santé publique (Swissmedic).

Depuis 1986 dans l’industrie, recherche, développement, production et contrôle qualité à l’Institut sérothérapique, Berna Biotech, vice-président de l’exécutif chez Crucell, une compagnie du groupe Johnson & Johnson, PaxVax et actuellement chez Emergent Biosolutions.

Depuis 2012, président du Conseil du Synode jurassien (CSJ).

Mission du CSJ

Le Conseil du Synode jurassien (CSJ) chapeaute 23 paroisses du Jura bernois, 3 du Jura, Bienne, Nidau, Berne et Thoune. Sa mission: faire rayonner l’Église avec des projets et des activités supra-paroissiales. Par exemple: les aumôneries pour personnes handicapées, les populations migrantes, les personnes isolées, l’animation jeunesse, les médias, Terre Nouvelle et des projets ponctuels. Et le grand centre de documentation CREDOC, ouvert aux professionnels et au public, le dialogue avec les Eglises romandes et l’Eglise catholique.