Vaud : à La Fraternité, la permanence pour les sans papiers ne désemplit pas

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Vaud : à La Fraternité, la permanence pour les sans papiers ne désemplit pas

5 juillet 2001
Chaque mardi et jeudi, les clandestins se pressent Place Arlaud à Lausanne, au rez-de-chaussée de « la Fraternité » , pour être parmi les premiers à bénéficier de l’accueil de la permanence « Asile-Exil-Sans-Papiers » ouverte par le Centre social protestant
Nelson Serathiuk, son responsable, manie des dossiers explosifs.Ici, « premier arrivé, premier servi », commente en guise d’introduction Nelson Serathiuk , travailleur social, engagé depuis deux ans dans un patient travail de terrain auprès des sans papiers du chef-lieu vaudois.

Ce jeudi soir, pressé par le temps, il passe sans transition d’une séance avec ses collaborateurs à la salle de la permanence pour les sans papiers – estimés à 5000 à Lausanne -. Un jeune homme cubain l’attend déjà, une liasse de papiers à la main et un grand sac à l’épaule. 18 heures n’ont pas encore sonné, mais la grande table de l’ancien café de la Frat va se remplir rapidement. « Je cherche Monsieur Nelson Serathiuk » hasarde d’une voix mal assurée une jeune femme, visiblement inquiète. Elle devra attendre son tour, avec une douzaine de personnes.

§Des dossiers explosifsD’origine ukrainienne, né au Brésil de parents immigrés, Nelson Serathiuk a une longue expérience de conseil et d’écoute auprès des étrangers. « Moi-même, j’ai su ce que veut dire ne pas avoir de statut » avoue l’homme, qui à quarante ans, a obtenu la naturalisation. Grâce au soutien de Fondia, la fondation pour la promotion de la diaconie, son poste a pu être créé. « Depuis, je manie des dossiers explosifs » avoue Nelson Serathiuk. Tracasseries administratives, dénonciations, difficulté de logement, droit du travail, scolarisation des enfants telles sont les questions les plus urgentes à traiter. Nelson Serathiuk le reconnaît, « la nouvelle immigration a changé, s’est dépolitisée, déstructurée. Par exemple, il y a beaucoup plus de femmes seules venant d’Amérique latine ». Dès lors faut-il durcir la loi pour donner un frein à ce phénomène ? « Non, répond le travailleur social, mieux vaudrait régulariser ces situations afin de diminuer l’immigration grise».

§la voix des sans-papiers ?Nelson Serathiuk ne veut pas devenir le porte-parole des clandestins, « j’encourage les gens à s’organiser, à agir collectivement, à se faire reconnaître par leurs pairs et à devenir des interlocuteurs valables ». Les refuges de Bellevaux ou de Saint Paul feront-ils avancer les choses pour les 150 000 clandestins en Suisse ? Nelson Serathiuk répond par une boutade : « La question n’est pas de savoir comment on entre dans un refuge, mais comment on en sort !» Et de craindre que la situation ne s’enlise. L’avenir, Nelson Serathiuk, le voit davantage dans la création d’une plate-forme de dialogue plutôt que dans des actions coups de poing. Le travail sur le long terme, c’est là le cheval de bataille de cette permanence.