Il a créé le groupe C+H (Chrétiens et homosexuels) qui réunit des homosexuels chrétiens désireux de vivre leur orientation sexuelle en accord avec leur foi et témoigner d’un Dieu qui accueille chacun sans condition. Des associations similaires où se retrouvent des pasteurs, des prêtres et des laïcs, existent aussi à Berne, Zurich et Bâle. Lors de la récente Gay Pride le groupe C+H s’est réuni pour prier à Sion à l’écart du tapage médiatique.

Tout n'a pas été tout rose pour le secrétaire romand de Pink Cross : Jean-Paul Guisan a souffert de se sentir différent des autres. Il a commencé par refouler l’orientation affective qu’il sentait en lui et qui n’allait pas dans le sens de la majorité des gens, recherché la foi auprès d’un groupe évangélique fondamentaliste qui lui semblait poser les bonnes questions et offrir des vérités fortes. Il y comprend alors que la sexualité est bonne pour les hétérosexuels, pas pour les homosexuels. Il s'y conforme et fait l’impasse sur son homosexualité, s’accroche à la Bible tout en poursuivant des études de lettres puis de théologie à Genève.

Il réalise peu à peu que sa peur de vivre lui a fait adopter une attitude de fuite devant sa réalité intérieure.

§A visage découvert Il décide alors de vivre son homosexualité à visage découvert, entre à l'association Dialogai à Genève où il crée un groupe de réflexion à la suite d’une soirée de débat théologique avec un pasteur. Il revient à la foi réformée de son enfance et trouve dans sa paroisse genevoise accueil et ouverture.

§- Comment lisez-vous les textes bibliques qui évoquent l’homosexualité ?J’ai relu les passages des Ecritures qui sont généralement invoqués à propos de l’homosexualité et auxquels on est confronté,(Genèse 19, Lévitique 18,22 et 20,13, Romains 1,26-27,1 Corinthiens 6,9 et Timothée 1,9-11. Les situations qu’évoquent ces textes ne s’appliquent pas à l’aspect de l’homosexualité qui nous intéresse à C+H, c’est-à-dire à la relation affective et sexuelle entre deux personnes adultes, libres et consentantes du même sexe. J’aime bien reprendre à mon compte les mots du prêtre et psychanalyste Marc Oraison: « Le fait d’être homosexuel n’est pas d’ordre moral ce n’est ni une faute, ni un « péché », ni un « vice », c’est un fait. Le sujet qui a des orientations homosexuelles n’a pas choisi de les avoir. »

§Que vous apporte le fait d’être croyant ?Tout n’a pas changé comme par magie, mais désormais j’ai un horizon, ma vie a un sens, je ne suis plus dans la « jungle du moi » qui prévaut actuellement. Je ne peux plus faire comme si l’Amour pur n’existait pas. Il y a eu Quelqu’un avant moi, qui est plus fort que moi. Il xistera après moi. Je n’ai pas envie de faire n’importe quoi de ma vie. La foi n’a toutefois pas aboli chez moi un certain sentiment de culpabilité. Pour moi en fait, le péché, c’est désespérer de Dieu, se mettre au centre de la création. Le péché, c’est juger les autres mais aussi soi-même, ce qui revient à prendre la place de Dieu. Ma foi m’a donné une grande liberté intérieure. J’accepte ma différence.

§On reproche aux homosexuels de vouloir faire du prosélytismeCa ne me viendrait pas à l’idée de taxer les mouvements anti-racistes de prosélytisme, pourquoi en accuse-t-on les mouvements gays ? Apprendre le respect de la différence devrait faire partie de l’éducation des enfants. Il faut oublier ce qu'on a appris sur l’homosexualité et qui nous vient du 19e siècle, déconstruire l’image négative qu’on en a donnée, pour s’informer à nouveau de manière objective. Nous ne cherchons en aucun cas à faire de la propagande, nous voulons simplement rétablir la vérité, cesser d’occulter la réalité et combattre les discriminations liées à l’orientation sexuelle.