Terrifiés, les enfants de l'orphelinat de Beit Jala en Cisjordanie, ne veulent plus être pris en otage

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Terrifiés, les enfants de l'orphelinat de Beit Jala en Cisjordanie, ne veulent plus être pris en otage

31 août 2001
Pendant trois jours de cette semaine, les combats ont fait rage autour et à l'intérieur de l'église luthérienne de Beit Jala en Cisjordanie, où 45 enfants palestiniens s'étaient rassemblés
Dans la matinée du 28 août, durant les combats avec les militants palestiniens, l'armée israélienne a pénétré dans l'enceinte. Devant les réactions de la communauté internationale, elle s'est retirée le 30 août.

Au plus fort des combats, le correspondant de l’agence eni du Conseil Œcuménique des Eglises (COE) a pu rencontrer le pasteur Jadallah Shihadeh, alors qu'au dehors les combats faisaient rage entre Palestiniens et Israéliens - les Palestiniens tirant des coups de feu et lançant des bombes artisanales contre les chars et les soldats israéliens qui ripostaient par des tirs de mitrailleuses.

"Nous n'avons pu dormir pendant plusieurs jours", a dit le pasteur, alors que le personnel, effrayé, menaçait de quitter les lieux. "Les enfants étaient terrifiés. Nous étions tous terrifiés et nos nerfs ont craqué."

Observant un cessez-le-feu temporaire, les soldats israéliens se sont retirés de Beit Jala. Le ministre de la Défense israélien Benyamin Ben Eliezer a menacé de faire revenir ses forces dans la ville si les attaques reprenaient contre la colonie juive voisine de Gilo, construite sur des terres annexées par Israël en Cisjordanie.

Jadallah Shihadeh s'est déclaré prêt à rester pour protéger les enfants - des chrétiens et des musulmans - si cela se produisait. "Quoiqu'il arrive, c'est ma responsabilité de pasteur de rester avec les enfants", a-t-il dit. "Ce sont des enfants palestiniens qui ont perdu leurs parents et qui viennent d'un contexte très difficile."

A son avis, Israël a commis une erreur d'appréciation en entrant dans Beit Jala. Tout ce que les Palestiniens veulent, a-t-il affirmé, c'est avoir leur propre Etat, dans lequel ils vivraient en paix à côté de l'Etat israélien.

Alors que le pasteur parlait, dans la rue, les tireurs palestiniens embusqués sortaient pour tirer sur les soldats israéliens et se replier ensuite dans les embrasures de portes.

Pour Bishara Daoud, membre du Conseil législatif palestinien, et habitant de Beit Jala, tant qu'Israël continuera d'occuper des zones en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, le cessez-le-feu ne pourra tenir.

La ville de Beit Jala, dit-il, n'a pas été vraiment libérée même quand elle est passée sous contrôle palestinien il y a six ans, parce que les soldats israéliens sont restés aux abords de la localité.

La Fédération luthérienne mondiale (FLM) a condamné vigoureusement l'occupation militaire israélienne de la ville de Beit Jala, et notamment l'occupation par les forces israéliennes de l'église qui a servi de base à des activités militaires.