Gestionnaire chrétien : l’Evangile comme capital

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Gestionnaire chrétien : l’Evangile comme capital

15 mars 2002
Sur son bureau nyonnais, à côté de l’inévitable ordinateur, une Bible
Depuis trois ans, Pierre-Yves Lécureux dirige un petite entreprise familiale de gestion de fortune pas tout à fait comme les autres. Comment faire coïncider le monde impitoyable de la finance et une certaine éthique chrétienne ? Rencontre. Gestion de fortune et éthique chrétienne. Le rapprochement peut apparaître de l’ordre de l’utopie. Et pourtant. A y regarder de plus près, la démarche proposée par la société nyonnaise Erfisa ouvre bien des perspectives. « Nous avons fêté nos 15 ans en 2001. La maison a été créée par mon beau-père qui voulait gagner son indépendance en matière de conseil financier global », raconte Pierre-Yves Lécureux, directeur depuis trois ans de la petite entreprise familiale.

Tout commence donc par un établissement financier comme il en existe des dizaines sur la place romande. Et puis, à l’aube des années nonante, c’est le tournant. Le fondateur, Daniel Emery, décide d’associer plus étroitement vie professionnelle et valeurs personnelles. Erfisa se met à clairement afficher le symbole du poisson sur ses cartes de visite. « Attention, nous restons une entreprise commerciale. Nous ne sommes ni une Eglise, ni une secte et nous ne faisons pas de prosélytisme. Nos convictions se retrouvent dans nos règles de conduite et notre manière de traiter nos clients. » Selon Pierre-Yves Lécureux, un peu moins de la moitié de ceux-ci affichent des convictions religieuses. Les autres apprécient la dimension familiale de la maison, son indépendance vis à vis des grandes banques mais aussi les principes qui fondent son activité.

§Placements éthiquesPas d’actionnaires extérieurs, refus des habituelles rétrocessions accordées par les banques dépositaires des biens de la clientèle, prise en compte de la situation globale des personnes : autant d’éléments qui placent Erfisa un peu à part de la profession. De plus, ici, on essaye dans la mesure du possible de proposer des produits financiers se réclamant de valeurs sociales ou écologiques reconnues et contribuant à instaurer un monde plus juste ou plus propre. Des placements « éthico-responsables dont le nombre augmente, mais qui représentent encore un très faible pourcentage du marché », admet Pierre-Yves Lécureux.

Reste que le secteur bancaire ne se confond pas vraiment avec le monde des ONG ou des travailleurs sociaux. Vouloir y mettre sa pincée de morale et y faire concilier des valeurs chrétiennes a-t-il un sens ? « Il demeure toujours possible de faire les choses différemment. Bien sûr, nous ne sommes qu’un élément au sein de ce que l’on nomme le secteur des intermédiaires financiers qui regroupe quelque 2'500 entités en Suisse. Mais même si nous ne représentons qu’une goutte d’eau dans les marchés financiers, nous avons nos principes. Et la fidélité de nos clients montre que cette démarche ne laisse pas insensible. »