L’argent : une question d’ordre spirituel

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L’argent : une question d’ordre spirituel

15 mars 2002
« Là où est le trésor, là aussi est ton cœur
» La célèbre formule tirée de l’évangile de Mathieu ne cesse d’interpeller lorsque l’on parle d’argent. Sujet délicat, et gênant au seind de l'Eglise comme en famille ou au travail. Thème d’éternelle actualité, aussi. Pain pour le Prochain et Action de Carême en ont fait l’année dernière le thème d’une campagne œcuménique. Et dans son dernier numéro, la revue protestante « Vie & Liturgie » inaugure une réflexion sur ce thème.

Quel comportement le chrétien doit-il adopter face à l’argent ? Ou, pour le dire avec les mots d’Astrid Rotner-Sigrist, qui rédigea les notes théologiques de la campagne œcuménique : « Veiller à son attitude mentale. Faire confiance au plus profond de soi à la force et à l’amour de Dieu plutôt qu’à la sécurité financière. (…) La question centrale qui se pose à nous est la suivante : en quoi est-ce que je crois vraiment ? »

Avoir des biens, c’est avoir du pouvoir. Reste à faire des choix en connaissance de cause, à prendre conscience que l’argent possède un certain ascendant sur nous. « Pas que l’argent soit un mal en soi, mais au cœur des relations que nous tissons avec lui risquent toujours de se glisser des passions obscures comme l’égoïsme et la cupidité, différentes formes d’idôlatries », note Michel Egger de Pain pour la Prochain.

Car, comme l’a remarqué le professeur Daniel Marguerat dans une étude demandée par l’Eglise réformée vaudoise : « Quand l’Evangile parle des biens, il nous interroge sur le fondement même de notre existence. » Le Nouveau Testament démasque dans l’argent une puissance spirituelle, rappelle le professeur lausannois. Un dieu à la fois injuste, puisqu’il génère un système économique profondément inique ; mais aussi trompeur : « Celui qui aime l’argent n’est jamais rassasié. » (Eccl. 5,9)

Avec d’autres, Daniel Marguerat en conclut que l’utilisation de nos biens d’est pas un domaine étranger à la foi. « La gestion de l’argent est au contraire un domaine où se joue l’orientation de notre vie, où se décide quel est en vérité notre Dieu. »